Medria réunit le monde de l'agriculture avec celui du numérique. Une idée folle ? Pas du tout.
« C'était un projet fou, du point de vue technologique », si on en croit Emmanuel Mounier, un des cofondateurs de Medria. Après avoir été incubés dans les locaux de Telecom Bretagne, Jean-Pierre Lemonnier et Eric Mounier ont lancé leur startup en 2004. Leur projet permet de collecter des données dans une exploitation agricole, avant de les analyser.
[author title= »Jean-Pierre Lemonnier » image= »https://www.objetconnecte.com/wp-content/uploads/2015/09/jean-pierre-lemonnier-medria.jpg »]Diplômé de l'ENST, il est le président de Medria. Il est également issu du monde agricole puisque ses trois frères ont repris l'exploitation familiale en GAEC dans le sud de la Manche. Il a développé les systèmes radio télécom dans les laboratoires d'Alcatel et de Lucent avant de diriger un centre de R&D chez Thales Microelectronics.[/author]
[author title= »Emmanuel Mounier » image= »https://www.objetconnecte.com/wp-content/uploads/2015/09/emmanuel-mounier-medria.jpg »]Diplômé de l'ENST, Emmanuel Mounier est ingénieur telecom. Avant Medria, il a travaillé pour Philips, Lucent et MNCD. Rompu à la gestion de chantier d'installation d'équipements telelcom à l'export, il est maintenant directeur général de Medria, dont il dirige le management.[/author]
Une offre unique au monde
Pour l'instant, Medria a développé quatre produits : le vel'phone, le heatphone, le feedphone et le san'phone. Chaque objet répond à un besoin différent.
Le premier est un thermomètre vaginal qui détecte le vêlage, les deux autre se placent sur le cou de l'animal et permettent d'optimiser sa fécondité ainsi que de détecter ses troubles alimentaires et le dernier s'avale, pour surveiller la santé de son animal.
« Nous sommes la seule plateforme qui permet de réunir ces quatre services pour une même exploitation »
Des alertes infos sur la santé des animaux
Medria permet en fait de contrôler tous les aspects de son exploitation agricole. Ce qui permet, aux agriculteurs, de se libérer du temps au profit d'une autre activité ou de s'occuper de ses autres animaux.
« A la base, nous voulions juste mettre en place une plateforme de surveillance électronique pour une grande exploitation », explique Emmanuel Mounier. Après avoir écouté plusieurs agriculteurs, ils ont décidé de lancer leur gamme d'objets connectés permettant de surveiller la santé, la nutrition et la reproduction des animaux.
« Nos serveurs analysent les données grâce à une grosse puissance de calcul. S'ils détectent quelque chose de pertinent et d'urgent, un SMS est automatiquement envoyé à l'agriculteur »
Medria, jouant sur l'opportunité de gagner du temps en proposant ses services, précise que ses appareils ne demandent aucune maintenance et son autonomes pendant cinq à six ans.
Les appareils communiquent sur une fréquence radio
Les animaux sont donc équipés de capteurs qui, quand ils passent à proximité, communiquent avec des collecteurs d'informations. Une fois collectées, ces données sont entreposées sur le cloud et accessibles via une page Internet ou une application, pour les agriculteurs.
« Quand nous avons lancé notre projet de capteurs et de collecteurs, le monde des objets connectés n'était pas aussi développé qu'aujourd'hui »
Les deux ingénieurs ont donc lancé leur propre fréquence radio, qui peut communiquer à travers l'animal. La prochaine étape : développer une seconde génération de produit grâce à la radio LoRa (long range), un standard de communication pour les objets connectés et mis au point en France.
Mais ils ne comptent pas s'arrêter en si bon chemin et réfléchissent déjà à une variante de leurs capteurs qui s'adresseraient à d'autres types d'animaux, s'utiliseraient dans d'autres contextes. Et, surtout, ils vont essayer de s'élargir à d'autres outils de production, en s'adressant à d'autres animaux que ceux à quatre pattes.
Quand on a démarré notre projet, on a facilement pu identifier l'ensemble des problèmes du secteur agricole. Il faut aussi croire en son projet pour le défendre. Nous avons aussi su nous adapter aux nouvelles technologies, pour passer chaque pallier. Mais, surtout, nous sommes motivés. On a conscience du fait que, plus on s'approche de la ligne d'arrivée, plus elle s'éloigne. Il y a toujours une prochaine étape.
Nous avons rencontré des problèmes dans des domaines pour lesquels on ne s'y attendait pas du tout. On était parti sur un défi technologique et on a bloqué sur les options de plasturgie et de contenant, dans le développement du produit. Par exemple, concernant les capteurs du thermomètre vaginal, on avait besoin d'une matière plastique particulière. Un artisan est arrivé avec un immense catalogue et clamant qu'il avait tout ce dont on avait besoin. En fait non, on a du passer des heures à assembler différent matériaux pour arriver au résultat final.
Comme on en fait partie, il nous est difficile de donner des conseils. Cependant, il faut bien s'entourer et ne pas partir seul. Les réseaux et les organismes ou incubateurs sont très importants. Être accompagné par des pairs est vraiment un plus.
Comme on est sur un marché qui évolue, elles sont à la fois multiples et inexistantes. Comme si on faisait face à un éternel recommencement.
Nous avions des fonds propres et nous avons profité d'aides fortes comme la DAR et les aides régionales. Notre projet était très bien argumenté, ce qui nous a permis de le soutenir face de gros organismes. Le choix des animaux à quatre pattes n'était pas anodin non plus, ça nous a permis d'être politiquement couverts.
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