Le MWC 2018 se déroulera dès la semaine prochaine à Barcelone. Parmi les technologies les plus attendues, la 5G tiendra une bonne place. Alors, fini les gimmick ? Pas si sûr.
La 5G est vantée depuis au moins deux ans comme la technologie qui va permettre le déploiement à large échelle des voitures autonomes, de la robotique et surtout de la ville intelligente. Ce remède miracle pourrait même remplacer la fibre optique avant même qu'elle soit totalement installée aux États-Unis et en Europe. Pour la catégoriser, les opérateurs et les équipementiers usent et abusent de superlatifs. Steve Mollenkopf, le CEO de Qualcomm, a même déclaré lors du CES 2018 que “ la 5G aura un impact similaire à l'émergence de l'électricité ou de l'automobile et affectera les économies et bénéficiera à toutes les sociétés”.
Les opérateurs montrent les muscles, tels des culturistes
Les chiffres sont impressionnants. Le débit moyen de la 5G serait de 10 Gbps, soit 10 fois plus supérieur à celui de la 4G (100 Mbps). Ce n'est qu'un début. Les tests réalisés en direct devant les parterres de journalistes affichent souvent des débits compris entre 15 et 25 Gbps.
Quand on s'y penche de plus près, ces derniers n'ont rien de très impressionnant. L'émetteur et le récepteur sont dans le même espace confiné et blindé. Les autorisations de test grandeur nature sont pour l'instant cantonnées à certains événements comme les Jeux olympiques d'hiver de Pyeongchang en Corée du Sud. AT&T est l'un des seuls opérateurs à avoir pu tester ses infrastructures 5G dans une partie des villes d'Austin et d'Indianapolis.
De véritables avancées
Pourtant, c'est avec un espoir toujours renouvelé que les opérateurs explorent les possibilités de cette technologique. Aux États-Unis, le pays le plus avancé dans le domaine avec la Corée du Sud, les opérateurs comme AT&T, Verizon et les équipementiers comme Qualcomm annoncent un début de déploiement en 2019. Verizon lancera cette année des offres commerciales dans 3 à 5 grandes villes américaines.
En Europe, le rythme est légèrement plus lent. San Marino, le micro-État au cœur de l'Italie sera l'un des premiers pays sur le territoire à lancer des tests grandeur nature. En France, l'Arcep a effectué une première consultation au début de ce mois de février 2018 et compte mettre à disposition des opérateurs et des entreprises deux bandes de fréquence (3400 – 3800 MHz et 26 GHz) pour tester les possibilités de la 5G en 2018. Neuf villes sont directement concernées et pourraient voir naître les premiers pilotes dans l'Hexagone.
Précisons que le 3GPP, la commission réunissant opérateurs, régulateurs et équipementiers en charge de la standardisation a publié le 21 décembre 2017 le premier protocole standard de communication entre les terminaux et les antennes 5G. Ce n'est qu'un début. D'autres paramètres sont à prendre en compte : bande de fréquence, distance entre les antennes, effets sur la santé, multimodalité des puces, etc.
Barcelone, le berceau de la 5G ?
Les opérateurs, les fabricants de puces et les équipementiers profiteront sans doute du MWC 2018 pour signer des contrats et faciliter le déploiement du cinquième réseau LTE. Il s'agit de trouver les bons partenaires pour s'attaquer aux marchés européens pour les avancées, de trouver les acteurs qui souhaiteront tester les capacités de la technologie pour les autres. Certaines annonces seront faites lors des conférences du MWC 2018, mais les décisions les plus importantes se dérouleront en coulisse. Les concertations et le lobbying auprès du 3GPP prendront probablement une dimension importante alors que les cas d'usage les plus pertinents détermineront les premières phases de déploiement.
Il faudra également rassurer les futurs consommateurs de cette technologie concernant les potentiels effets nocifs contre la santé. L'ANFR (l'Agence Nationale des Fréquences) a réalisé des études sur les mini cellules, de petites antennes qui seront installées sur une grande partie des mobiliers urbains. Cette technologie pour l'instant testée avec la bande 2600 MHz de la 4G sera aussi utilisée avec la 5G. Cela permet de réduire les champs électromagnétiques par rapport à des émissions longues portées. En revanche, l'autorité remarque que ces petites cellules auront le même champ magnétique une fois installé à quelques centimètres de la tête des citadins. Or, les smartphones sont classés comme potentiellement cancérogènes selon l'OMS, notamment à cause de leur capacité à capter les ondes émises par les antennes LTE. Il faudra ainsi mesurer les effets directs et indirects de la 5G sur la santé : terminaux, antennes et transmissions d'ondes.
“Il y a encore beaucoup de travail sur la 5G” comme le disait Robert Topol, Directeur général 5G chez Intel au MWC 2017. Il y en aura encore beaucoup après le MWC 2018.
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