Le salon de l'agriculture fait beaucoup parler de lui, principalement à cause des tensions qui parcourent le monde agricole. Les changements de paradigmes économiques traversent également la sphère technique. Parmi les procédés de plus en plus utilisés par les exploitants, le drone agricole. Si les startups et les entreprises spécialisées dans ces domaines sont peu nombreuses, elles font forte impression auprès du grand public.
Des robots en plein champ
Ce qui frappe en visitant les allées du salon, c'est la présence de machines étranges. A première vue, elles ressemblent à des tondeuses à gazon évoluées. En y regardant de plus près, les applications sont bien plus intéressantes.
Deux modèles sont présents sur le salon. Le premier drone agricole que nous avons vu se nomme Oz 440. Il s'agit d'un robot de culture, plus précisément de désherbage destiné au maraîchage. Sa petite taille le destine au travail de surfaces réduites, même dans des serres. Il peut néanmoins retourner la terre en suivant les rangs préalablement tracés par l'exploitant. Ses algorithmes lui permettent d'éviter les obstacles et de s'adapter à l'organisation de la culture.
Avec les accessoires supplémentaires, Oz 440 peut couper les mauvaises herbes et porter des charges lourdes. Bref, il peut se rendre utile pour l'exploitant qui cherche à entretenir ses plants tout en réduisant la pénibilité de ses tâches quotidiennes. Cette automate envoie même un SMS à son propriétaire quand sa tâche est terminée ou que sa batterie de 4 heures d'autonomie est déchargée.
Naïo, la startup toulousaine derrière ce projet n'arrive pas avec une preuve de concept. L'Oz 440 est d'ores et déjà commercialisé. Le robot né en 2013 dans l'esprit de jeunes ingénieurs. Il est maintenant en vente, notamment auprès des chambres d'agriculture.
L'autonomie et le suivi dans un avenir proche
Le second projet n'est pas aussi abouti dans son développement. Si au premier abord, il ressemble beaucoup au robot de Naïo, l'automate de l'IRSTEA, un institut public de recherche sur l'environnement, dispose d'un bagage technologique plus conséquent.
En effet, il ne s'agit pas d'une machine, mais de deux qui communiquent ensemble. Elles se suivent et peuvent par exemple emprunter deux rangs parallèles pour analyser les végétaux, grâce aux capteurs thermiques et lasers embarqués. Ceux-ci permettent ainsi une analyse des cultures précises tout en évitant aux exploitants l'exposition aux produits phytosanitaires.
L'automate de tête suit également l'agriculteur. Il peut ainsi se décharger des sacs, de sa récolte à la main, etc. La démonstration est plutôt impressionnante. Avec un peu d'imagination, on peut très bien visualiser des machines agricoles grand format, autonomes, comme dans le film Interstellar. Une flotte de véhicule pourrait gérer les travaux des champs sans intervention humaine. Mais, pour l'instant, un problème se pose : les hésitations de la machine pour s'arrêter en la présence de plusieurs personnes.
Roland Lenain, responsable de recherche à l'IRTSEA nous explique :
« Nous développons une technologie utilisable uniquement dans les champs. La législation française demande un pilote humain si l'on veut déplacer le robot sur la route ».
Le présent, le survol des parcelles
Pour cette raison, les acteurs de l'assistance à l'exploitation se tournent plus facilement vers le drone agricole et plus spécifiquement les modèles aériens.
Naïo encore une fois propose un drone agricole qui largue des capsules des insectes s'attaquant aux parasites des plantes. Cela limite le besoin de pesticide sur une parcelle tout en favorisant les économies d'énergie. Mais c'est surtout Parrot via sa filiale Airinov qui fait office de porte-étendard auprès des visiteurs et des professionnels. Elle effectue un vol sur deux réalisés en France selon une source proche de la direction de l'aviation civile.
Parrot s'occupe d'Eeby, le drone de sa compagnie Sensefly et du capteur multispectral Sequoia. Enfin, Airinov se charge de l'analyse des données. Le capteur en question récolte des données sur l'exposition au soleil des plantes, et identifie des zones de végétation. Les conseillers peuvent ensuite déterminer le manque d'entrant sur une parcelle, observer la propagation d'une maladie, etc. Le boitier Sequoia vient d'être commercialisé en Europe pour le prix de 3500 euros.
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Rodolph Vogt, CEO de M-Cador, apprécie cette nouveauté. Il dirige une startup qui propose le même genre de service à prix réduit via une caméra embarquée dans des tracteurs. « Le fait que le capteur puisse s'adapter à la plupart des drones et son prix réduit est vraiment intéressant ». Mais « Cela reste encore trop cher, l'avenir du drone passera par la démocratisation des appareils et des services.«
Un besoin de formation adéquate
C'est finalement l'approche par le service qui anime l'agriculture connectée. Les fermes ont besoin d'expertise pour optimiser le rendement, baisser leurs charges et répondre au défi énergétique. Il faut donc une communication forte entre les concepteurs, les entreprises et les agronomes. Une tendance qui commence juste à filtrer dans les formations spécialisées.
Les écoles d'agronomie et de maintenance technique n'ont pas encore de formation à proprement parler concernant l'apparition du drone agricole et des capteurs. Un des étudiants d'AgroParisTech, une école d'ingénieurs dans le domaine du vivant et de l'environnement, affirme : « ces sujets sont nouveaux et ne font pas encore objets de cours dédiés. Il y a tout de même des expérimentations en cours.«
Pour les élèves de mécanique rencontré sur le stand de l'association Aprodema, c'est un peu plus prégnant. « On nous présente les GPS intégrés aux tracteurs, nous avons aussi eu des démonstrations de survol de drones ». Nous voyons bien que ces technologies, nous aurons à les prendre en charge prochainement« .
Ce marché en plein essor doit encore faire ses preuves. Le but, favoriser la communication entre les écoles et les constructeurs, les fournisseurs de services. Il faut à la fois l'objet technologique, le drone agricole et la formation à l'analyse des données et la maintenance. Rodolph Vogt rappelle à juste titre : « si on a pas l'un on ne fait pas l'autre« .
La présence des différents acteurs sur le salon de l'agriculture devrait accélérer les choses, tout comme l'arrivée de solutions comme le Parrot Sequoia.
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