En matière de santé, les seniors constituent l'une des cibles prioritaires des technologies reposant sur l'Internet des Objets.
Si ce n'est plus une surprise pour les initiés, la santé connectée, via l'utilisation des technologies issues des galaxies du Big Data et de l'IoT, est incontestablement l'une des plus grandes espérances de ces prochaines années. Les signes de cette dynamique ne trompent pas : pays émergents ou développés, entreprises, nombreux sont les acteurs qui souhaitent jouer leurs cartes dans ce secteur destiné à peser pas moins de 400 milliards de dollars d'ici 2022. Au niveau du consommateur, les attentes sont là aussi nombreuses et variées, compte tenu des larges possibilités dont semble promettre la santé 3.0.
Une partie de ces consommateurs semble cependant potentiellement plus sensible à ce genre d'innovation : les seniors.
La médecine préventive cruciale pour les seniors
Des trackers d'activité cardiaque en passant aux détecteurs de chute, les solutions issues de la technologie connectée ne manquent pas pour conférer aux plus dépendants une nouvelle autonomie. Malgré ce succès annoncé, une défiance palpable entoure pourtant encore la relation entre santé et technologie de l'IoT, alimentée par un manque de crédibilité et de clarté.
Situation que déplore Mike Townsend dans les colonnes de The Business Journals, qui promeut l'adage populaire qu'il faut mieux prévenir que guérir pour servir sa cause. Le fondateur de HomeHero, une entreprise de soins à domicile mêlant services à la personne et technologie connectée, base son argumentation les chiffres de l'U.S Center for Disease Control and Prevention (CDC) qui atteste les personnes de plus de 65 ans représentait en 2010 près de 41% des hospitalisations aux États-Unis, plus que n'importe quel autre groupe issu d'une tranche d'âge différente.
La plupart de ces hospitalisations sont, d'après le chef d'entreprise, évitables et superflues, et principalement dues à des accidents provenant d'un domicile à l'aménagement non conforme, un régime médicamenteux non respecté ou tout simplement à une pathologie non diagnostiquée à temps. Nouvel exemple issu du CDC et exposé par Mike Townsend, un senior sur trois serait victime d'une chute chaque année, mais moins de la moitié d'entre eux ne le déclarerait à leur médecin traitant.
S'il est difficile de déterminer les causes exactes d'un tel mutisme concernant ces accidents, cette situation est l'exemple type qui pourrait démontrer l'efficacité et la pertinence des technologies connectées dans la gestion et le relevé des constantes de santé d'une personne âgée, d'autant plus que toute une armada prête à l'emploi de wearables (objets connectés portatifs) est déjà sur le marché.
À l'instar d'autres patients qui pourraient bénéficier de la technologie connectée et de ses atouts, les seniors, qui constituent l'une des populations les plus à risque sur le plan médical, verraient donc leurs conditions de vie nettement s'améliorer, en identifiant et diagnostiquant les traumatismes issus d'une activité extérieure ou d'une défaillance de santé.
Un problème de fournisseurs ?
Minesh Patel, professeur assistant de médecine à l'Université de Pennsylvanie, est l'un des nombreux professionnels de santé à s'être intéressé à la question de ce rapport de plus en plus étroit entre la technologie et la médecine.
Lors d'une étude publiée dans le Journal of the American Medical Association, Minesh Patel semble avoir identifié un défaut de taille concernant le marché de la santé connectée : la défiance qu'il produit et le manque de sensibilisation autour de cette problématique.
Ces objets et les données qu'ils génèrent ont besoin d'être dans les mains des professionnels de santé pour être efficaces. Cependant, certaines craintes concernant le caractère intrusif de ces appareils parasitent sa pleine acceptation alors que ces systèmes sont déjà utilisés par de nombreux médecins autour des États-Unis. Minesh Patel – professeur assistant de médecine à l'Université de Pennsylvanie
Et cela malgré les 28 milliards de dollars déjà dépensés par le gouvernement américain pour faciliter l'insertion de ces nouveaux systèmes électroniques, qui se heurtent néanmoins à plusieurs facteurs qui ralentissent une diffusion à grande échelle. Exemple probant rapporté par le Docteur Patel, une large majorité du personnel de santé ne sait absolument pas utiliser les principaux instruments issus de cette technologie connectée. Plus concret, le résultat de l'étude menée en 2015 par MedPanel est sans appel : seulement 15% des médecins aux États-Unis déclarent aborder cette solution avec leurs patients.
Incontestablement, les défis qui s'imposent à l'IoT pour 2016 tournent autour de deux points : agir sur les craintes liées aux risques d'intrusion en développant un discours pédagogique destiné aussi bien aux professionnels qu'aux particuliers, et combler le manque d'infrastructure concernant la récolte et l'exploitation de données.
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