Le 10 avril, la Secrétaire d'Etat au Numérique Axelle Lemaire accueillait à l'Hôtel des Ministres du Ministère de l'Économie, de l'Industrie et du Numérique, les acteurs du paiement sans contact en France, Gemalto, le GIE Cartes Bancaires, Orange, FCD et Strasbourg Eurométropole. Une conférence de presse pour réaffirmer la généralisation du paiement sans contact et l'évolution vers de nouveaux moyens de payement sur le territoire français.
Le paiement sans contact en chiffres
Selon les chiffres issus d'une étude réalisée par le Ministère de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique, en France, plus de 30 millions de cartes sans contact sont en circulation. Ceci représente un Français sur 2 en possession du petit pictogramme NFC sur sa carte bancaire.
En 2014, ce sont plus de 70 millions de transactions qui ont été réalisées via le paiement sans contact.
Pour rappel, le NFC (ou Near Field Communication) permet d'actionner un dispositif à une distance maximale de 3 à 4 centimètres de distance, tel qu'un paiement. Avec ce système, l'usager peut simplement déposer sa carte bancaire sur un terminal de paiement compatible, et payer ainsi sans devoir entrer son code Pin et sa carte bleue dans la machine. Les transactions réalisées sont bloquées à 20 euros maximum par achat, et certains commerçants ont instauré un cumul maximal de 50 à 100 euros. Lorsque vous aurez atteint votre quota quotidien, votre code confidentiel vous sera à nouveau demandé. Jusqu'à présent, nous avions des cartes bancaires EMV type, c'est-à-dire façonnées sur le standard Europay Mastercard Visa, qui permit à son arrivée en 1995 l'interopérabilité internationalisée des moyens de paiement, avec la possibilité de payer avec la même carte d'Est en Ouest du globe.
En France, en 2016, toutes les cartes bancaires seront NFC
Le but du gouvernement aujourd'hui est de perpétuer l'expansion du paiement sans contact sur le territoire français, en gardant les conditions actuelles de sécurité et de plafonnement, pour en arriver vers le paiement mobile sans contact. Ensuite, une fois tous les terminaux de paiement distribués dotés de la technologie NFC et les usagers munis de supports compatibles, plus rien ne pourra résister à l'envol de la création de moyens de paiements issus de sources variables. A Barcelone a été expérimenté un bracelet « portefeuille », pour les gens qui vont à la plage ou font du sport et ne souhaitent pas s'encombrer de liquide. On peut également penser à n'importe quel genre de carte NFC avec portefeuille numérique intégré. Finalement, ceux qui ont le plus à s'en faire, ce sont surtout les acteurs de la banque, qui pourraient voir leurs rentrées d'argent autour de la carte bancaire disparaître progressivement au profit de start-ups conceptrices d'objets connectés capables de payer ou d'opérateurs mobiles.
Tandis que la carte bancaire avec technologie NFC intégrée est décriée, qu'adviendra t-il avec la généralisation des moyens de payements déportés sur d'autres supports ? Pour le moment, le but est simple : équiper d'ici 2016 toutes les nouvelles cartes bancaires délivrées avec le NFC. Axelle Lemaire, Secrétaire d'Etat, brandit d'ailleurs sa carte bancaire comme faisant foi des lacunes à couvrir dans les banques françaises : « Vous voyez, celle-ci n'a pas le pictogramme NFC, et c'est bien dommage » mentionne t-elle au micro, et se refusant à dévoiler le nom de la banque concernée.
Des consommateurs « mi-figue mi-raisin »
C'est encore vrai aujourd'hui, et peut être plus encore lorsqu'un maximum d'usagers français connaîtront le NFC, mais la technologie peut faire peur pour des raisons basiques de risques de piratage. Il a été démontré qu'il est possible de confectionner des outils qui peuvent aspirer les données bancaires d'un compte, juste en passant un appareil à proximité de la poche d'une personne dotée d'une carte NFC. Pour Olivier Piou, Directeur Général de Gemalto, le « fantasme selon lequel une gigantesque antenne au milieu d'une foule permettrait d'aspirer toutes les données bancaires à proximité relève de la fiction. » Peut-être de la fiction, mais toutefois, de nombreuses banques n'ont pas hésité à faire leurs stocks d'étuis anti-RFID pour offrir une sécurité complémentaire aux clients si besoin.
Malgré tout, les fraudes à la carte bancaire NFC sembleraient ne pas être « monnaie courante »et la fraude ne dépasse pas les 0,01% depuis le lancement de la technologie sur le territoire français. Et si fraude il y a, les banques s'engagent à rembourser la totalité des montants dérobés. A voir si les pirates seront créatifs et inventeront des « aspirateurs à argent » performants dans les années à venir. En attendant, les consommateurs seraient 54% à avoir envie d'utiliser le paiement sans contact. 69% d'entre eux, parce que cela leur ferait gagner du temps en caisse, 60% pour la simplicité d'usage et 52% d'entre eux parce que ça leur évite d'avoir à porter des espèces sur eux.
Les commerces qui enregistrent les meilleurs chiffres de « tapping » (acte de déposer sa carte bancaire sur un terminal de paiement NFC) sont dans l'ordre les boulangeries, les fast foods, les épiceries et les cafés. « Contre toute attente, l'usager moyen du NFC est une usagère, son profil sociologique est une femme de 58 ans, pour un panier moyen de 11 euros, et pour l'achat d'une baguette de pain » précise Axelle Lemaire. La baguette, tradition française incontournable rendrait-elle technophile ? Ou la technologie se serait-elle rendue suffisamment accessible à tous ?
Le NFC, de la France à l'étranger
En attendant, le NFC croît de 30% par mois sur le territoire, soit une avancée de 700% par an. La ville française la plus « NFC-friendly », c'est Strasbourg, bon élève, devenue la ville « phare » du NFC en utilisant la technologie pour le paiement, mais aussi les transports, les lieux culturels, les commerces de proximité et autres usages.
La Pologne est la ville d'Europe qui a le mieux adopté la technologie, avec 33% des transactions réalisées en magasin qui emploient le NFC, et ces chiffres ont été enregistrés seulement six mois après la mise en place du dispositif.
« Les pays qui ont été les plus réactifs sont le Canada, l'Australie, la Grande Bretagne, l'Espagne, la Pologne… En Australie, un géant du supermarché a pu constater un gain de 15% de temps passé en moins aux caisses, et les paiements sans contact ont été si bien instaurés qu'ils enregistrent 50% de paiements réalisés avec le sans contact. En Pologne, cela représente 1/3 des transactions, alors que le programme a été lancé il y a six mois seulement. Nous voulons qu'en France, tous les usagers et commerçants soient équipés de ce moyen de paiement d'ici à 2020. » affirme Olivier Piou, de Gemalto.
200 millions d'usagers dans le monde sont équipés de cartes bancaires NFC à ce jour. A quand la suite, le paiement via mobile, généralisé ? Selon Bruno de Laage, Président du Conseil de Direction du GIE Cartes Bancaires, « Pour le paiement mobile en Europe, cela va prendre environ dix ans…mais les dix ans ont commencé. Aujourd'hui, un mobile sur deux est compatible NFC. En France, quatre banques acceptent déjà le paiement mobile lors de certaines transactions.«
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