L'opérateur coréen SK Telecom lance My Hero, une offre IoT adressée aux femmes. En cas d'agression, ce petit objet connecté en forme de rouge à lèvres diffuse un signal d'alarme et envoi des SMS à la police et aux amis de l'utilisatrice quand il est ouvert. Explications.
L'opérateur coréen SK Telecom est réputé pour être en avance dans l'Internet des Objets. Au Mobile World Congress de Barcelone, c'est l'un des premiers acteurs à avoir réalisé des démonstrations des performances de la 5G et il a aussi déployé les réseaux LoRa, NB-IoT, ainsi que LTE-M en Corée du Sud. Oui, mais pour quels usages ?
My Hero, un objet connecté pour la sécurité des femmes
SK Telecom a annoncé cette semaine le lancement d'une offre particulière en Corée du Sud. My Hero est un objet connecté en forme de bâton de rouge à lèvres d'une taille de 8 centimètres de long et 0,8 cm de diamètre. Il peut être accroché à un sac ou être porté en forme de collier. En cas de danger, son utilisatrice ou son utilisateur l'ouvre, une sirène d'une puissance de 90 décibels se déclenche et un message est envoyé à la police par le numéro d'urgence coréen, le 112.
Une fois déclenché, le bâton connecté en Bluetooth enregistre l'audio pendant trois minutes. Depuis l'application Smart Home de SK Telecom, les utilisateurs peuvent configurer l'appareil afin d'envoyer un message et leur position GPS à cinq amis.
Ce produit de sécurité est vendu 25 000 wons, environ 19 euros. La forme de l'objet connecté et son bas prix s'expliquent aisément.
SK Telecom s'inspire des problèmes de la société coréenne
La Corée du Sud est l'un des pays où l'égalité homme-femme est le moins respectée. Dans un classement sur l'écart entre les genres, le Forum Économique mondial a classé le pays 116e sur 144.
Plus grave encore, Human Rights Watch signale de nombreux cas de harcèlement et de violences dirigées contre les femmes en Corée du Sud. Le Molka où le fait de filmer en cachette sous les jupes des femmes est une pratique courante. De même, l'institut de criminologie coréen a réalisé une étude auprès de 2000 hommes établissant que près de 80 % d'entre eux abusent physiquement ou moralement de leur compagne. Cette régularité des violences conjugales et des formes d'agressions a encouragé l'opérateur à commercialiser My Hero.
D'ailleurs, il s'est basé sur une étude du bureau national des statistiques coréen, datée de 2005. Selon l'organisme, 51,7 % des trois millions de femmes dans la vingtaine ont peur des crimes violents. SK Telecom évoque également le fait que les agressions sexuelles doublent de juillet à septembre par rapport à la période comprise entre janvier et mars.
L'intention est louable, mais il reste beaucoup de travail pour que les femmes se sentent en sécurité en Corée du Sud. Selon The Telegraph, le fait de traquer une victime n'est puni que d'une amende d'environ 90 dollars. Enfin, la loi du silence a longtemps dominé dans un pays où le mouvement #Meetoo a eu des répercussions importantes.
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