Le SIMA, le mondial des fournisseurs de l'agriculture et de l'élevage s'est terminé le 28 février 2019 au Parc des expositions de Villepinte. Voici un petit aperçu des technologies croisées lors de notre visite.
Beaucoup moins connu que son cousin le salon de l'Agriculture, le SIMA rassemble les fournisseurs de l'Agriculture et de l'élevage. Ce salon d'envergure mondiale a lieu tous les ans à Paris Nord Villepinte. Il occupait pratiquement tout l'espace disponible. Il faut dire que les fabricants de matériel agricole comme Case IH, New Holland, Claas, McCormick amènent avec eux des engins gigantesques et souvent très sophistiqués. De plus, un hall entier hébergeait les bovins vendus aux enchères.
Profitant des mêmes standards que les machines industrielles, les tracteurs, les attelages, les charrues, les épandeurs sont bien évidemment connectés. Si dans un premier temps, l'enjeu est de recueillir les données, puis de les envoyer sur l'ordinateur de bord du tracteur, les solutions de centralisation des données se multiplient. C'est notamment l'objectif de la startup My Easy Farm, fondée en novembre 2017 par les frères François et Jean-Baptiste Thierart.
My Easy Farm, la plateforme Cloud qui connecte les tracteurs et les attelages
Celle-ci conçoit une plateforme Cloud centrée sur les applications métiers. Elle récupère les données en provenance des tracteurs et des machines à partir de la norme ISOBUS. Ce protocole universel de communication électronique entre tracteurs, équipements et logiciels facilite donc le recueillement des données. My Easy Farm gère également les cartes de prescriptions en provenance des équipements au sol, des satellites et des drones. Cela permet de réaliser une cartographie précise des parcelles de l'exploitant.
La plateforme facilite notamment la gestion des parcelles ( analyse de sol, intrants, documentation de tâches et les rendements), la gestion du matériel (analyse de charge de travail, prévision de maintenance), et la planification des tâches ( préparation du sol, semence, protection, récolte, matériel et opérateurs envoyés, etc.). Selon le porte-parole de My Easy Farm présent lors du SIMA : “la plateforme permet à partir des données et des cartes enregistrées de réaliser un historique des parcelles travaillées. On peut ensuite réaliser un calcul du coût entre les semences et les traitements utilisés par au rapport au rendement visé”.
L'approche modulable de l'objet connecté agricole par Exotic Systems
D'autres acteurs développent des objets connectés afin d'obtenir un meilleur suivi des équipements agricoles. Cela passe généralement par la conception de boîtiers connectés, comme on a pu le voir lors du SIMA 2019.
En ce sens, Exotic Systems, une entreprise spécialisée dans la conception d'équipements IoT Industriel, a mis au point Grenouille. Ce système modulable tient dans un boîtier durci capable de résister à des conditions extrêmes (température, humidité, vibrations, etc.). Il permet de remonter des données très régulièrement concernant les déplacements des machines, le remplissage des bennes et la gestion d'un parc d'équipements. Pour ce faire, l'entreprise utilise le réseau IoT de Sigfox. Ce produit conçu en partenariat avec Michelin et Limagrain s'adresse notamment aux coopératives et aux entreprises. Ce spécialiste de la conception produit (il a notamment conçu la lampe connectée d'Holi) se propose de le personnaliser suivant les besoins des entreprises agricoles.
Samsys, un compteur connecté branché aux machines
Suivant la même approche, plusieurs acteurs de la smart agriculture cible davantage les coopératives d'utilisation de matériel agricole (CUMA) et les entreprises agricoles. Tout d'abord, Samsys propose un “compteur connecté” pour le machinisme agricole. Il s'agit d'un boîtier connecté en 2G (Orange, SFR et Bouygues en France) qui s'aimante à la machine et se branche sur la prise BUSCAN du tracteur. Il embarque un GPS et des capteurs qui permettent de localiser la machine, d'établir un historique des activités et de faire de la traçabilité en temps réel. Selon le porte-parole, le branchement au tracteur facilite la mesure des consommations gasoils, des heures moteurs, de la vitesse ou encore des coefficients.
Le compteur de Samsys interagit avec un badge de type beacon (Bluetooth) afin de reconnaître les attelages. Ainsi, il n'y a plus besoin de noter le type d'attelage associé à un tracteur “parce qu'il est automatiquement reconnu”. Un autre beacon peut également reconnaître les chauffeurs. Évidemment, cette fonctionnalité s'adresse davantage aux entrepreneurs agricoles. Samsys est présent au Maroc, en Belgique, en Ukraine, en Canada et en France. Plus de 500 utilisateurs utilisent ce compteur monté sur plus de 600 machines. Le boitier est vendu à partir de 199 euros HT et l'abonnement à partir de 100 euros HT par an. Incubée par le Village by CA de Châteaudun (Eure-et-Loire) et rattachée à EuraTechnologies de Lille, la startup prépare actuellement sa première levée de fonds.
Les boîtiers connectés ont la cote au SIMA
Samsys suivait les traces de Karnott, une autre jeune entreprise présente au SIMA. Basée à Lille, elle propose un boitier de suivi d'activités agricoles. Étanche, celui-ci est notamment doté d'un GPS afin de suivre en temps réel les équipements associés. Il calcule également le temps de travail des employés agricoles, la surface travaillée et la distance parcourue. Cela permet aux entrepreneurs agricoles de facturer leurs travaux de manière précise. Les CUMA, elles, peuvent plus facilement réaliser la répartition du matériel entre les membres. Karnott a équipé 3 000 machines en France avec son boîtier. En mai dernier, la startup a levé 2,5 millions d'euros auprès de Partech et de Leap Ventures. Elle a également reçu une médaille de bronze au SIMA Innovation Awards cette année.
Évidemment, les startups se rapprochent des grands groupes des technologies agricoles au moment du SIMA. Fondée en 1983, Isagri compte parmi les entreprises les plus connues dans ce secteur. Implanté dans 10 pays en Europe, le groupe basé à Beauvais a réalisé un chiffre d'affaires de 160 millions d'euros en 2017. Il y a deux ans, Isagri employait pas moins de 1500 salariés.
À la fois éditeur de logiciels et fournisseurs de matériel informatique pour les agriculteurs et les éleveurs, la société s'illustre de plus en plus avec des solutions connectées. Lors du SIMA 2019, elle présentait tout comme Lemken (un constructeur allemand de matériel agricole née en 1780) ou encore Weenect, une station météo connectée. Nommée Météus, celle-ci communique par le biais du réseau Sigfox des données de pluviométrie, l'hygrométrie, la vitesse du vent et le suivi des maladies. Ces informations sont disponibles sur l'application smartphone, mais aussi sur le Web.
Un écosystème en pleine croissance
Isagri propose également Géofolia, une solution de gestion de parcelles qui utilise la cartographie fournie par la satellite Sentinel. Il permet de faire le suivi des maladies, mais aussi détecter les dégâts liés aux gibiers et les zones à surveiller dans les parcelles. Promize, la startup interne d'Isagri utilise les mêmes données, mais y ajoute une couche d'algorithmes. Avec l'application Spotifarm, il est possible suivre l'évolution des parcelles, de visualiser l'impact des interventions des agriculteurs et de leur donner un outil de prise de décision en même temps qu'un moyen de planifier leurs chantiers. L'application est gratuite pour suivre au maximum trois parcelles. La version Pro pour consulter les données concernant un nombre illimité de parcelles coûte 12,50 euros par mois. Isagri profitait du SIMA pour faire connaître cette solution commercialisée il y a à peine deux semaines.
Promize développe également un assistant vocal pour les agriculteurs, nommé Fernand l'assistant, a fourni un connecteur Géofolia pour MyEasyFarm et a connecté le logiciel de facturation automatique Autofact d'Isagri à l'application de Karnott.
Il y a donc là un écosystème de partenariats qui est en train de se créer autour des technologies dédiées à l'agriculture. Isagri est un des acteurs fédérateurs tout comme Smag, un éditeur de logiciels lui aussi partenaire de MyEasyFarm, mais également de la ferme digitale, une association qui rassemble près d'une trentaine de startups agricoles. Une bonne manière de gagner de la visibilité lors des salons de cette envergure.
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