Lorsque le géant technologique coréen Samsung jette son dévolu sur le toulousain Sigfox, c'est la consécration pour une start-up qui s'est donné les moyens de réussir. Sous le regard protecteur de l'ex-dirigeante d'Areva, Anne Lauvergeon, qui préside le conseil d'administration de Sigfox et portée par le polytechnicien Ludovic Le Moan, Sigfox reçoit ses lettres de noblesse par plus grand que soi dans une salle comble, à la Maison de la Mutualité (5ème) en la personne de Young Sohn, Président et Chargé de Stratégie chez Samsung Electronics.
Double validation par Samsung Electronics et Samsung Ventures
A la Maison de la Mutualité, sous la houlette de Luc Julia, Vice-Président de Samsung Electronics, les annonces arrivent graduellement. Samsung présente tout d'abord sa plateforme dédiée à l'IoT : Artik, confirmation que l'entreprise coréenne souhaite se positionner sur ce marché, non seulement pour le grand public avec des produits connectés, mais également dans le cadre des smartcities, pour aider les développeurs à concevoir des solutions professionnelles intelligentes, pour la domotique, les voitures embarquées, l'agriculture et l'environnement, les infrastructures et l'industrie, la santé, la mobilité et les loisirs…bref, bientôt, tout sera connecté !
Et pour connecter ces objets et offrir un service global, l'attention du géant coréen a été piquée par l'insecte Sigfox, le petit français qui s'impose progressivement sur le globe (France, Pays-Bas, Portugal, Royaume-Uni, Belgique, Danemark, Barcelone, Varsovie, Munich, Milan, Etats-Unis…) et compte bien poursuivre son expansion, ce qui ne fait plus un pli avec la cooptation d'un allié de taille comme Samsung.
Car Samsung ne fera pas qu'insérer la technologie bas coût basse fréquence et grande autonomie de Sigfox dans ses puces Artik. Le fonds d'investissement Samsung Ventures va également participer au capital de la société toulousaine, ce qu'Anne Lauvergeon saluera d'un accent très « frenchy » auprès de Young Sohn, Samsung Electronics : « It is amazing for us ! » (C'est vraiment génial pour nous !).
Après les présentations de Samsung Artik et Sigfox, Samsung présente trois développeurs qui auront l'insigne honneur d'être les premiers à tester le kit de développement Artik en France.
Viennent ensuite des start-ups françaises dont Samsung a retenu plus que le nom puisque ces sociétés, Weenat et Bodycap entre autres, vont être boostées par Samsung pour produire leur objet connecté, l'un adapté à aux agriculteurs du côté de Weenat, et l'autre, pionnier de l'innovation médicale avec la pilule e-celsius de Bodycap, une pilule connectée qui analyse la température du corps et peut transférer ses données en temps réel. Young Sohn, Président de Samsung Electronics rappelant que d'ici quelques années, 30% de la population aura plus de soixante ans et deviendra un enjeu en terme de gestion et de santé.
De l'importance de l'interopérabilité et du Big Data
Pour Samsung, il est primordial que les objets transfèrent leurs informations en premier lieu, et communiquent entre eux en second lieu. Ainsi, l'enjeu actuel repose sur l'interopérabilité de tous les objets qui sortent, avec ou sans système propriétaire. Le Cloud représente le deuxième défi, puisqu'au-delà des soucis de sécurité qui peuvent être rencontrés, il faut également pouvoir réceptionner et traiter les data créés par les objets connectés. « Qu'allez-vous faire de toutes ces données ? Si l'on prend votre fréquence cardiaque chaque jour, plusieurs fois par jour, cela peut aller jusqu'à 9 GO de données ! » assène Young Sohn. « Chez Samsung, nous commercialisons plus de 660 millions d'appareils chaque année. Il faut connecter tout cela ensemble.«
C'est pourquoi Samsung se positionne d'ors et déjà comme acteur majeur du secteur, en s'offrant la couverture réseau déjà étendue de Sigfox, ainsi qu'en prévoyant non seulement l'agglomération des données mais aussi leur traitement via sa plateforme.
Ludovic Le Moan, Directeur Général et Co-fondateur de Sigfox : « Nous avons décidé dès le début de lancer un réseau. C'est un gros pari pour Sigfox, mais aujourd'hui le bénéfice est là. Notre but, c'est de connecter tous les objets d'ici 2020. » Et Young Sohn de Samsung de le féliciter : « Vous êtes l'ambassadeur de nos produits, mais vous êtes également notre partenaire. Notre réseau a besoin de courage, d'y croire, et cela, nous ne pouvions pas le faire seuls. C'est pourquoi nous sommes ravis de nouer ce partenariat » termine Young Sohn, satisfait.
Samsung et Paris, la nouvelle idylle
Favorisée pour son fameux Crédit Impôt Recherche, comme le précise Emmanuel Macron, invité d'honneur de ce meeting, la France a été choisie par Samsung pour établir un nouveau centre d'innovations, situé dans le 10ème arrondissement parisien à Strasbourg Saint-Denis.
Comme le précise Gilles Mazars, ingénieur en chef spécialiste de la plateforme OpenCloud/SAMI., « le bureau parisien travaille en étroite collaboration avec le bureau américain. Le but, c'est de recruter des ingénieurs français et de participer à l'écosystème IoT qui est ici hyperactif. On vise une dizaine d'embauches d'ici fin 2015. Nous sommes cinq pour le moment et les bureaux sont installés depuis trois mois. Nous serons sept d'ici la fin de l'été. On crée ce cloud ouvert qui va permettre de collecter toutes les données et notre écosystème permettra ainsi aux fabricants de devices, aux usagers et aux designers d'applications de disposer de tout ce dont ils ont besoin. Chez nous, on est persuadés que ce n'est pas le hardware le plus important, mais l'application. Il faut aider les pros qui designent des applications intelligentes. Nous mettons l'utilisateur au coeur du dispositif. Et les start-ups françaises et les ingénieurs français sont sélectionnés non pas par favoritisme, mais parce qu'ils sont bons.«
En plus de ce centre d'innovations, Samsung prend sous son aile les start-ups Weenat et Bodycap. Weenat, le spécialiste des capteurs pour l'agriculture a été repéré par Sigfox, qui les a présentés à Samsung, une belle opportunité de se développer, donc.
Quant à e-celsius de Bodycap, la pilule traqueuse de température, c'est une perspective de positionnement stratégique sur le milieu de la e-santé pour le coréen, avec des développements possibles autour d'autres capteurs intégrés. Aujourd'hui, la pilule e-celsius peut être ingérée sans dommage pour le corps humain, et traquer jusqu'à deux jours complets les variations de température subies par le corps du patient. Ces données sont automatiquement transférées vers le cloud et réceptionnées par le médecin. La pilule qui vaut actuellement entre 40 et 50 euros pourrait devenir précieuse pour assurer un retour et un maintien à domicile plus sécurisant pour le patient.
La FrenchTech est aujourd'hui favorisée par Samsung. Impossible de prédire quelles seront les retombées économiques pour la France sur les années à venir, et si les contrats seront bien négociés. Le mot de la fin appartient à Emmanuel Macron, Ministre de l'Economie, de l'Industrie et du Numérique : « France is Back !…And it's time to deliver ! » (La France est de retour..et il est grand temps de s'y mettre !)
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