Une nouvelle analyse rigoureuse des scénarios de neutralité climatique pour l'Union européenne met en lumière des perspectives inédites sur les rôles respectifs de l'électrification et de l'hydrogène. Publiée dans la revue One Earth, cette étude du Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) représente la première tentative d'examiner en profondeur les interactions et synergies potentielles entre ces deux stratégies de décarbonation.
Les précédentes recherches ont établi la faisabilité d'une transition vers des sources d'énergie renouvelable pour notre système électrique. Selon Felix Schreyer, principal auteur de l'étude, l'enjeu suivant réside dans l'exploitation optimale de cette électricité renouvelable pour supplanter l'utilisation de combustibles fossiles dans différents secteurs. Notamment le bâtiment, l'industrie et le transport. « Notre analyse révèle que l'utilisation directe de l'électricité, via des solutions telles que les voitures électriques et les pompes à chaleur, s'avère essentielle pour une large gamme d'applications. En revanche, la conversion de l'électricité en hydrogène n'apparaît comme une solution pertinente que pour un nombre restreint d'applications spécifiques » ajoute-t-il.
Priorités d'électrification et rôle incontournable de l'hydrogène dans la transition énergétique européenne
En modélisant différents scénarios avec le modèle REMIND, les chercheurs ont identifié un potentiel d'électrification directe plus important que précédemment anticipé, tout en restreignant la plage de déploiement optimal de l'hydrogène et des carburants synthétiques.
Leurs conclusions suggèrent que l'électrification devrait être priorisée pour les voitures, le chauffage des bâtiments. Mais aussi pour de nombreux procédés industriels de basse température. L'hydrogène et les carburants de synthèse restent indispensables pour des applications spécifiques. Dont l'aviation, le transport maritime, l'industrie chimique et le stockage d'énergie.
Les deux éléments au cœur des préconisations pour une transition énergétique réussie en Europe
Selon les autres auteurs de l'étude, accélérer le déploiement des énergies renouvelables et la transition vers les technologies électriques constitue la voie la plus rapide et économique pour décarboner la majorité des secteurs. L'électricité pourrait ainsi représenter 42% à 60% de la consommation énergétique finale de l'UE d'ici 2050. Mais cela à condition de doubler la production par rapport aux niveaux actuels.
L'étude souligne cependant trois piliers stratégiques essentiels. Notamment la hiérarchisation de l'électrification et l'hydrogène dans leurs domaines privilégiés respectifs. Mais aussi le levé des obstacles à l'expansion massive des renouvelables. Sans oublier la stimulation du développement des chaînes d'approvisionnement hydrogène. Les décideurs politiques sont de ce fait appelés à reconnaître les rôles complémentaires de ces vecteurs énergétiques. Mais aussi à promouvoir un déploiement intelligent, différencié selon les secteurs.
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