Jean Guérin et Pierre-Yves Champagne sont deux jeunes entrepreneurs qui proposent une solution à des personnes (bien) plus âgées qu'eux. Leur credo ? La téléassistance 2.0. Késako ?
Un bracelet connecté qui fonctionne partout et peu gourmand en batterie. C'est la solution que proposent Jean Guérin et Pierre-Yves Champagne, les deux fondateurs de Co-Assist, aux personnes âgées fragilisées. Il sera directement connecté aux proches de l'utilisateur, et non à un standard. Ils appellent ça la téléassistance 2.0. Explications.
[author title= »Jean Guérin » image= »https://media.licdn.com/mpr/mpr/shrinknp_400_400/p/2/000/24d/237/2391c59.jpg »]Jean Guérin a suivi une formation d'ingénieur au sein de Centrale Paris, spécialisée dans l'énergie. Il a ensuite mené des recherches à Singapour, focalisées sur les objets connectés et les personnes âgées. Après différentes expériences, il s'est lancé dans le conseil en stratégie, chez Roland Berger notamment. C'est lui qui s'occupe de la partie technique de Co-Assist.[/author]
[author title= »Pierre-Yves Champagne » image= »https://media.licdn.com/mpr/mpr/shrinknp_400_400/AAEAAQAAAAAAAAMAAAAAJGIyMGFiMzE4LTNjMTAtNDk2MS1iZjE4LTliNDUyYzFjYmE3NA.jpg »]Pierre-Yves Champagne a également suivi une formation d'ingénieur à l'école Centrale de Paris, spécialisée en génie industriel. Il s'est ensuite orienté vers le conseil en stratégie, également pour le cabinet de conseil Roland Berger. Pour Co-Assist, il gère les aspects opérationnels et le développement commercial.[/author]
Tous deux se sont rencontrés sur les bancs de Centrale Paris. Ils se sont lancés dans le conseil en stratégie pour obtenir des compétences supplémentaires, tout en sachant qu'ils n'y feraient pas carrière. La volonté de lancer leur propre entreprise était de plus en plus présente.
C'est Pierre-Yves Champagne qui a commencé à penser à un projet en rapport avec les personnes âgées. Grâce à son expérience au CNRS de Singapour, Jean Guérin lui a offert ses compétences.
« On n'avait pas forcément prévu de lancer une entreprise ensemble. Mais on avait identifié un besoin et on possédait les compétences pour y répondre. Alors on s'est lancés »
Une croissance lentement mais sûrement
Le projet est né en juin 2014, en même temps que le fils de Jean Guérin. « On en discutait à l'hôpital », se remémore-t-il. Officiellement lancée en mars 2015, la jeune startup va se développer en deux temps.
« On va d'abord proposer une offre BtoB en visant deux principaux marchés : les maisons de retraites et les hôpitaux. Puis on devraient se lancer dans du BtoC en visant la téléassistance« , précise Jean Guérin.
Actuellement, le bracelet connecté de Co-Assist est en phase de test dans cinq maisons de retraite différentes. « Le bracelet ne fonctionne pas encore. On veut tout d'abord faire des tests pour connaitre quel poids et quelle taille ne gêneront pas les utilisateurs afin de pouvoir décider d'un design définitif », précise Jean Guérin.
La seconde phase qui interviendra dès Octobre, se développera avec un bracelet opérationnel, pour voir comment les utilisateurs vont l'accepter.
Couvés par la BNP Paribas
Les deux entrepreneurs sont accélérés par Innov and Connect, un jeune accélérateur drivé par la BNP Paribas, qui en est à sa première saison. Comme partout ailleurs, ils sont conseillés et accompagnés. Mais Innov and Connect propose une option supplémentaire : la BNP peut contacter ses gros clients, pour les inviter à travailler avec leurs startups.
« C'est comme ça qu'on a pu décrocher un partenariat avec le Noble Âge, un réseau de 50 maisons de retraite en France »
Une autonomie défiant toute concurrence
Malgré leur place dans un secteur concurrentiel, les deux entrepreneurs sont confiants.
« C'est un gros secteur mais qui bouge peu. Il y a une rupture de marché« , précise Jean Guérin. C'est pour ça qu'ils vont cibler la téléassistance classique et sont déjà en discussion avec des enseignes de la grande distribution.
« Ce sont des enseignes qui veulent lancer un rayon objets connectés, mais qui n'ont encore rien à mettre dedans »
Le grand point fort du bracelet connecté de Co-Assist, c'est son autonomie. Quand la plupart de ses concurrents proposent une autonomie de deux jours, la startup se targue d'une batterie qui peut tenir six mois. En cause : l'utilisation du réseau Sigfox, tout comme Beepings, qui échange peu de données.
L'objet fonctionne selon deux modes : l'alerte et le suivi de position. Le premier utilisant moins de batterie, c'est celui qui est toujours activé. « Le mode alerte se déclenche dès qu'il y a un soucis », précise Jean Guérin. « Il enverra alors un message à un proche de l'utilisateur. Dans les Ephads, c'est le personnel aidant qui sera prévenu« , achève-t-il.
Cette autonomie de batterie permet à l'utilisateur de recharger moins souvent son bracelet, et donc d'être moins intrusif dans son quotidien.
Un bracelet mobile et collaboratif
Sa seconde caractéristique : Co-Assist ne s'adresse pas qu'aux personnes âgées cantonnées à leur domicile. Non, la startup s'occupe aussi de celles qui peuvent encore se déplacer.
« Les utilisateurs portent le bracelet. Quand elles se perdent ou chutent, le mode alerte s'active et contacte un de ses proches »
Voici donc le troisième changement dans le service que propose Co-Assist : le bracelet n'est pas relié à standard. L'utilisateur soumet une liste de proches ou de professionnels (médecins, infirmiers, etc.) qui pourront être alertés s'il a un soucis.
Ils seront alors alertés selon leur proximité avec la personne âgée et leur disponibilité. « C'est une nouvelle version de la téléassistance et c'est que nous appelons la téléassistance 2.0 », précise Jean Guérin.
D'où le nom de la startup : Co-Assist comme un bracelet connecté, collaboratif et, évidemment, qui porte assistance. Malin.
On propose un produit sans engagement, fiable et qui sera moins cher que ce qui est actuellement proposé sur le marché. Avec, comme gros points fort, une autonomie de six mois et un bracelet qui s'adresse aussi à des personnes âgées qui se déplacent hors de chez elles.
A la base, nous avions pensé acheter le module d'un fabricant, pour que nous n'ayons que du code à ajouter. Seulement, ce module ne correspondait finalement pas et, en plus de coder, nous avons du rajouter une couche électronique. On a du passer du temps sur le système embarqué, ce qui nous a rajouté du travail.
Il faut faire attention à bien apporter une valeur. Sortir un objet connecté, de nos jours, c'est facile. Mais le but n'est pas forcément de changer les usages de vos utilisateurs, plutôt d'apporter une solution évidente à leurs problèmes du quotidien. La clé serait donc de partir de l'utilisateur pour concevoir son objet.
Et il faut se lancer au bon moment. Quand on sort de l'école, on pense pouvoir monter sa boîte parce qu'on n'a pas de charges. Certes, mais il faut de l'argent et, surtout, il y a beaucoup de compétences que l'on n'apprend pas à l'école.
Nous avons commencé par mener des entretiens auprès de personnes âgées dans la rue, pour mieux répondre à leurs besoins. Notre grande étape a été le lancement de la startup. Notre projet était faisable techniquement et on avait identifié un besoin. Donc on a foncé.
On a utilisé nos fonds personnels et nos indemnités de chômage. En France, il est valorisé de lancer son entreprise. Nous pouvons ainsi vivre sur nos indemnités.
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