Quand on parle de nouvelles technologies, et donc de l'Internet des Objets, un état américain attire tous les regards : la Californie. Pour de nombreux entrepreneurs, il représente des opportunités inégalées, un lieu idéal pour introduire sa startup sur le marché américain. Ce phénomène n'est pas nouveau, mais beaucoup partent en ne prenant pas en compte tous les paramètres pour bien réussir son arrivée au pays du self-made-man. Bastien Vidal est un français qui a franchi le pas. D'après son expérience, il nous explique les précautions à prendre avant même de chercher à s'installer.
« Quand on parle de l'attrait la Californie, on parle principalement de la baie de San Francisco, même si l'écosystème de Los Angeles se solidifie« . Bastien Vidal précise. Il y a douze ans, l'entrepreneur français s'est installé en Californie pour de bon, il s'y est marié et y élève ses deux enfants. Ce Toulousain d'origine a cofondé dans la baie un accélérateur de startups nommé Founder Studio. Cette société aide les startups à appréhender l'entrepreneuriat américain, plus particulièrement San Franciscain.
La baie a de nombreux atouts en sa faveur, mais nous avons demandé à Bastien si elle reste une terre d'accueil pour les startups. L'entrepreneur confirme : « c'est un endroit privilégié où règne une combinaison de richesse intellectuelle et financière, mais surtout un esprit naturel d'entreprendre ».
Sous l'influence de la Silicon Valley, les géants de l'informatique ont fait de la ville un phare pour les startups. Les « Sucess Story » d'Apple, de Microsoft, de Google, ont effet commencé en ces lieux. Comme la réussite attire la réussite, tout du moins en principe, l'écosystème maintenant très bien installé favorise la croissance des jeunes pousses.
Les universités permettent aux sociétés de internationales de recruter les ingénieurs, les Venture Capital financent les champions de demain, et les centres de recherche construits par les grands groupes sont au cœur de l'innovation. Ce terreau fertile regorge néanmoins de pièges retors qui, de prime abord, ne sont pas évidents à éviter.
Des conseils avisés pour s'installer en Californie
Selon Bastien Vidal, il y a deux nerfs de la guerre : le savoir et l'argent. « Ce n'est pas pour tous le monde les Etats-Unis ». Il faut avoir les reins solides, tout coûte cher, il faut recruter les bonnes personnes et il faut pénétrer l'écosystème américain« . Pour arriver à vos fins, l'entrepreneur formule trois conseils à retenir coûte que coûte.
1. Séduire les VCs
« C'est peut-être enfoncer des portes ouvertes, mais c'est très important » martèle le Français installé aux Etats-Unis. « Il faut avoir une société et un modèle qui soit véritablement attirant pour les VCs (Venture Capitals)« . Selon lui, cela demande de préparer sa jeune société avant de même faire des investissements pour s'installer sur le terrain.
Il s'agit non seulement de proposer la bonne idée, la bonne technologie, mais surtout de penser un modèle économique qui soit tangible aux yeux des investisseurs. Le développement de la startup doit se baser sur des ambitions de croissance à l'international, tout en proposant une solution innovante, c'est le mode de fonctionnement idéal pour réussir cette étape.
2. « Quand tu arrives aux USA, ce que tu as fait avant, grosso modo, ils s'en fichent »
Malheureusement, avoir réussi en Europe n'est pas forcément un gage de réussite. « Les acteurs du marché américain ont tendance à ne pas valoriser à sa juste mesure ce qui n'est pas originaire du pays » déclare Bastien Vidal. « Quand tu arrives aux USA, ce que tu as fais avant, grosso modo, ils s'en fichent« .
Pour pallier ce problème, l'entrepreneur conseille de se montrer humble et de ne pas « surestimer » la valeur de son entreprise. Les entrepreneurs et les développeurs sont reconnus, mais il faut faire ses preuves sur le sol américain.
3. Ne pas sous-estimer les différences culturelles
Pour obtenir le résultat tant attendu, l'entourage est important. Les consultants et les accélérateurs peuvent aider à s'introduire l'écosystème américain. Mais d'abord, il faut préparer les démarches administratives « l'immigration et la partie légale ». Une fois sur place, l'important est de nouer des liens forts avec les entrepreneurs locaux.
« Il faut frapper aux bonnes portes et s'ouvrir au mode de partage et de dialogue très usité dans la baie de San Francisco » conseille fortement Bastien. « C'est nécessaire pour créer des partenariats et recruter une équipe composée d'ingénieurs et de développeurs investis dans votre projet ». J'ai mis deux ans à comprendre la mentalité. Celui qui intègre ces principes dans son approche aura une longueur d'avance ». Cela veut dire ne pas vivre qu'entre Français, comme certains le font. »
Comprendre les différences culturelles est dès lors une nécessité pour croître en Californie et aux Etats-Unis. Cela se joue forcément au niveau politique. De prime abord, les entrepreneurs pourraient s'inquiéter du changement possible avec les élections de novembre prochain.
Pour notre « Frenchie », il n'y a pas matière à paniquer. Le seul point problématique, la politique migratoire : « le Visa pourrait être plus compliqué à obtenir. Du côté de San Francisco ils espèrent avec Hillary Clinton un programme dédié aux entrepreneurs« . Donald Trump, le candidat républicain, est lui en faveur d'un renforcement des contrôles pour les ressortissants français. Une conséquence directe des attentats de cette année.
Autre point de tension, les luttes locales peuvent avoir une influence sur le fait de s'installer physiquement. Les actions sociales se dirigent contre UBER et AIRBNB dont les activités ont totalement la manière de se déplacer et de se loger. La lutte contre ces sociétés peut rendre compliquer l'obtention de locaux.
La France, des qualités entrepreneuriales indéniables
Connaître aussi bien cette terre d'asile n'est pas donné à tout le monde. Pour Bastien, deux sociétés aident très bien à la transition entre la France et la Californie. Il cite Géraldine le Meur, la cofondatrice de l'accélérateur transcontinental The Refiners, basé à San Francisco depuis mai dernier, et le centre d'affaires EuraTechnologies à Lille.
Tout comme lui, ils accompagnent les jeunes pousses françaises d'au moins deux ans d'existence dans la Silicon Valley, mais aussi à New York dans le cadre du programme lillois. Ce sont des acteurs qui sont là pour donner des armes aux entrepreneurs sur la scène internationale.
Il faut dire que ce genre d'initiative se repose sur un tissu entrepreneurial de qualité. D'après notre interlocuteur : « La France a de vrais atouts. Elles proviennent d'une combinaison d'un très bon niveau d'éducation et d'une richesse historique et culturelle propice à l'innovation« .
En cela, le label French Tech est une vitrine idéale. Selon le cofondateur de Founder Studio, le label a permis « un super boulot de synergie » entre les sociétés françaises créant ainsi une image de marque. Par exemple, La Poste a annoncé la semaine dernière les participants à son programme French IoT, qu'elle enverra en janvier prochain au CES 2017 à Las Vegas. Cette année, ce sont près de 190 entreprises qui ont fait le voyage outre-Atlantique.
L'IoT : un secteur en devenir, oui, mais…
Dans cette montée en puissance du milieu entrepreneurial français, l'Internet des Objets est un secteur porteur et promis à grand avenir. « Beaucoup d'investissements ont été faits et continuent d'être faits et l'ubiquité de ce secteur amène de nombreuses opportunités pour les startups« .
Les secteurs d'activités porteurs sont nombreux : l'assurance, la Fintech, la cybersécurité, la santé connectée et des secteurs connexes comme la réalité virtuelle/réalité augmentée. »Sans oublier les opportunités sur les parties industrielles de l'IoT »précise-t-il.
Pourtant, Bastien Vidal rappelle que « le marché devient très pris« , qu'il est de plus en plus difficile d'imposer son projet. Les entreprises ont déjà commencé les consolidations, le rachat de Withings par Nokia en est un très bon exemple.
Cela ne l'empêche pas de croire dans les forces des jeunes startups qui veulent s'imposer à l'international :
« Il faut à la fois démythifier les trop grandes attentes quand on s'installe en Californie et à la fois montrer que c'est possible de réussir en se posant les bonnes questions avant de venir« .
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