Les ouvriers, exerçant un métier de dur labeur, auront la chance de voir leur qualité de vie au travail s'améliorer grâce à des objets connectés développés par des startups bienveillantes. Focus sur une partie de ces acteurs dont le but est de rendre les chantiers connectés.
Les nouvelles technologies, au fur et à mesure de leur évolution, ont toujours été d'un grand secours aux professionnels quels qu'ils soient. Depuis les années 1950, l'organisation au travail a été bouleversée par l'arrivée du téléphone, par les machines à écrire et plus récemment par Internet, entre autres. D'ici 2020, il pourrait bien exister plus de 80 milliards d'objets connectés capables de nous épauler dans la vie de tous les jours ainsi qu'au travail.
Ces startups en plein essor sont toujours plus sollicitées par les acteurs de l'industrie pour créer des objets capables de faciliter l'exécution du travail, augmenter la rapidité des employés ou encore sécuriser les travailleurs sur des chantiers connectés. Les différentes machines utilisées par ces travailleurs ne cessent d'évoluer pour rendre leur travail plus performant, mais qu'en est-il des accessoires que l'ouvrier utilise avec ses mains ? C'est ici que les objets connectés entrent en scène.
Gain de temps et sécurité assurée pour les travailleurs manuels
Nexess place le contrôle de stock par RFID sur les chantiers connectés
Dans un premier temps, il s'agit d'organiser les stocks des travailleurs afin d'éviter la perte des outils. L'entreprise Nexess a trouvé une solution ingénieuse en créant des armoires à outils connectés par RFID. À l'image du contrôle des produits dans les grandes surfaces, cette technologie permet de savoir où se trouve chaque outil. À l'aide d'un logiciel universel adapté à n'importe quel chantier, il est maintenant possible de tracer la moindre clé à molette, casque et tournevis, identifier son utilisateur et évaluer l'état du stock à tout moment. Cela guide précisément les travailleurs dans le choix de leurs outils et évite les pertes pour l'entreprise.
Une belle innovation permettant de contrôler l'humain et le matériel à la fois. Selon Frédéric Galtier, PDG de l'entreprise, qui à levé 3,5 millions d'euros pour développer cette solution, « Nous travaillons pour l'usine du futur ». Les usines d'EDF, Airbus, Safran, Total, et bien d'autres, utilisent déjà ce matériel high-tech pour rendre leur travail plus agréable dans ces chantiers connectés, au sens large du terme.
Les gestes de l'ouvrier simplifiés avec les gants connectés Smart Gloves
En collaboration avec le géant des puces Intel, la startup allemande Smart Gloves, qui propose déjà à la vente des gants tactiles permettant d'utiliser son smartphone à moto ou en montagne, à mis au point un prototype de gants connectés à destination des ouvriers. Au-delà des innovations facilitant le travail global, on peut qualifier ce type d'objet de « technologie à porter ».
Ce gant communicant baptisé ProGlove, s'adressant directement à l'ouvrier, est doté d'une puce RFID reliée à un bracelet connecté. C'est en quelque sorte un complément de l'armoire conçue par Nexess, puisqu'il est capable de scanner directement les pièces, évitant l'action supplémentaire de se munir d'un scanner. Il permet également de ne pas faire de manipulation inutile, car le gant vibre si l'on se trompe d'outil destiné à une action spécifique.
Utile pour ne pas perdre de temps ainsi que pour limiter les informations à traiter au travail, le gant connecté Smart Gloves est une véritable révolution. La startup avait annoncé sa commercialisation pour début 2016. C'est un projet à suivre pour les entreprises spécialistes des chantiers connectés.
Daqri allie sécurité et réalité augmentée avec le casque Smart Helmet
Les startups ont également pensé à la sécurité des ouvriers en élaborant un casque connecté multifonctions baptisé Smart Helmet, utilisant la réalité augmentée. Daqri lance son casque intelligent capable d'assister l'ouvrier pour augmenter son efficacité. Contrairement au Cardboard, destiné à la vie de tous les jours et vendu pour la modique somme de 10 euros, le Smart Helmet est un produit sophistiqué capable d'intervenir sur de nombreuses tâches sur les chantiers connectés et dans les usines.
Avec un fonctionnement similaire à celui des Google Glass, ce casque dédié aux chantiers connectés dispose de capteurs sensoriels reliés à un écran visière. Outre sa fonction de protection, il est capable d'identifier un circuit défectueux, traiter de nombreux types de données, afficher une carte du lieux de travail ou encore initier des simulations. Au delà de l'aspect technique, le Smart Helmet permet aux employés de communiquer entre eux en temps réel afin d'aider à la coordination des nombreuses équipes.
Prévu pour fonctionner à l'aide d'une montre connectée jouant le rôle de la télécommande, ce casque pourrait bien être assez facile d'utilisation. D'autant plus que les montres connectées occupent déjà une place de choix sur le marché des nouvelles technologies.
À la vue de sa complexité technologique et de ses multiples fonctionnalités, le Smart Helmet se révèle ne pas être un objet à la portée de tous. Réservé également aux ingénieurs et aux mécaniciens spécialisés, pour le moment, seule l'élite pourra se le procurer à cause de son prix assez élevé. Disponible fin mars 2016, l'appareil sera uniquement vendu à des sociétés. Comptez 5000 $ l'unité si vous en achetez plusieurs et 15 000 $ si vous comptez en acheter qu'un seul.
Les objets connectés contribuent au respect des lois
Toujours dans l'esprit de protéger et sécuriser les travailleurs, les objets connectés infiltrent également le secteur des ressources humaines. Pour remédier à la difficulté des entreprises à évaluer les conditions de travail des ouvriers, l'entreprise Sopra RH a pensé un objet connecté, placé sur chaque ouvrier, capable de restituer des données difficilement quantifiables comme son exposition au bruit, à des températures élevées et à des pressions difficiles. Ces données calculées avec exactitude viendront alimenter le compte pénibilité de l'employé, dans le but de récapituler ses risques professionnels par an.
En effet, depuis le 1er janvier 2016, la loi indique qu'un salarié ne pourra pas être exposé plus de 600 heures par an au bruit, plus de 900 heures à des températures extrêmes et plus de 450 heures à des vibrations mécaniques. Encore à l'état de prototype, cet objet connecté doté de capteurs de pression et de température ainsi que d'un micro, pourrait être adapté pour être placé où bon nous semble, dans une sacoche, sur un casque, dans un badge d'accès et même à l'intérieur d'une semelle. Cette innovation prouve que les objets connectés peuvent réellement faciliter le travail des ressources humaines tout en assurant au travailleur des données fiables sur ses conditions de travail. Cet objet connecté créé par Sopra RH pourrait donc être bénéfique pour l'employeur comme pour l'employé.
La robotique décuple la force des travailleurs
Après avoir passé en revue certaines des innovations incontournables simplifiant le travail sur les chantiers connectés à échelle humaine, il est nécessaire de rappeler que les robots font désormais partie des paysages du bâtiment. Mis au point par l'école polytechnique fédérale de Zurich, le In-Situ Fabricator est un bras industriel capable d'analyser son environnement, éviter les obstacles et utiliser différents matériaux pour construire de manière totalement autonome.
La véritable innovation mise en oeuvre par les chercheurs est l'utilisation d'un télémètre laser 2D permettant de scanner les environs et la position du robot. Une fois que les informations sont transmises au robot à l'aide d'une carte 3D, il peut se déplacer sans encombre sur le chantier. Le In-Situ Fabricator pourrait être d'un grand secours aux travailleurs se voyant submergés de tâches diverses et variées. Néanmoins, il risquerait de mettre au chômage un bon nombre d'employés, bien que le robot ne soit encore qu'un projet et risque de coûter très cher.
Les entreprises suisses sont bel et bien en avance sur ce qui se fait en matière de robotique. Dés 2014, la filiale suisse du groupe Colas expérimentait déjà un prototype d'exosquelette sur de nombreux chantiers. Spécialement conçu pour assister les ouvriers dans le secteur du bâtiment, ce prototype baptisé ColExo 1.0 a pour vocation de décupler la force humaine, que ce soit pour transporter des charges ou déposer des revêtements à l'aide d'un râteau assisté par un bras mécanique venant appuyer l'effort de l'ouvrier.
On peut comparer cette innovation, dans une moindre mesure, aux exosquelettes de l'armée américaine. On imagine déjà les ouvriers porter un casque de réalité augmentée et un exosquelette futuriste sur leur lieu de travail. Le ColExo 1.0 a déjà séduit Bouygues, l'un des plus grands investisseurs dans le domaine de la construction. Selon Etienne Gaudin, directeur de l'innovation du groupe Bouygues « Les exosquelettes devraient arriver sur les chantiers d'ici 2018-2020 ».
Il existe bien d'autres prototypes destinés à améliorer les conditions de travail des ouvriers sur les futurs chantiers connectés ou dans les usines. Reste à savoir pour qui ils seront accessibles et dans combien de temps ils feront partie intégrante de la vie d'un travailleur manuel. Dans les espaces de bureaux, il est désormais possible d'affirmer que les objets connectés ont trouvé leur place.
Le métier d'ouvrier étant basé sur un savoir-faire manuel, il est encore difficile de l'associer à des technologies de pointe très coûteuses censées remplacer l'action manuelle et la réflexion du cerveau humain.
Plus d'infos en vidéos
L'armoire intelligente par Nexess
ProGlove : les gants de chantier connectés par Smart Gloves
Smart Helmet : le casque de réalité augmentée par Daqri
https://www.youtube.com/watch?v=BmqmgsAYJiI
In-Situ Fabricator : le robot constructeur totalement autonome
ColExo 1.0 : l'exosquelette assistant des ouvriers
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