Les déserts médicaux ne sont ni des mythes ni des symptômes ponctuels. Leur existence sur les territoires nationaux est une réalité. Ils engendrent de véritables plaies sanitaires. Qu'ont-ils en commun avec les déserts numériques ?
En effet, l'intérêt de nombreux professionnels de la santé décroît quand il s'agit de s'installer dans des villes de taille moyenne en province et parfois même dans quelques grandes agglomérations. A fortiori dans des villages…
Pour beaucoup, « The Place To be » est et restera la capitale. Paris sera toujours Paris.
Cet état de fait est dommageable, et cela à plusieurs niveaux. Cela peut entraîner une perte de valeurs identitaires, une désertification rurale, une perte de « vie » dans les petites villes dans lesquels de nombreux rideaux de fer baissés engendrent l'effet « village fantôme ».
Les effets économiques des déserts médicaux
Comme relaté dans un article du 5 décembre 2016 dans nos colonnes, la désaffection des villes/villages par les médecins peut entraîner la perte de tout un pan de l'activité économique. Pour faire très simple, plus de médecins plus de pharmacies, plus de raison de continuer ses emplettes dans les autres commerces avoisinants. Donc cela entraîne la fermeture des échoppes. S'en suivent une baisse de fréquentation, puis la désertification des centres-ville.
Comme le précise le rapport d'information de MM. Hervé MAUREY, président de la commission et sénateur de l'Eure, et Louis-Jean DE NICOLAŸ, sénateur de la Sarthe :
« les fractures territoriales se multiplient et deviennent de plus en plus critiques. La croissance des métropoles, loin de rayonner, appauvrit les zones les plus fragiles. De nombreux territoires, qu'ils soient ruraux, urbains ou périurbains, sont en recul en termes d'activité, d'emploi, de services publics et de dynamisme démographique ».
Avant de jeter le bébé et l'eau du bain avec, il convient de se demander, pourquoi les professionnels de la santé ont une appétence moindre pour les régions et ses villes et centres bourgs ?
Est-ce que la non ou très mauvaise couverture numérique de certaines zones pourrait en être une des raisons ?
Les déserts numériques sont-ils des déserts médicaux ?
En effet, il est à noter que s'il existe des déserts médicaux, ces derniers se juxtaposent souvent avec les déserts numériques. Qu'en est-il de cette fracture numérique, et ce alors que le gouvernement souhaite se doter de moyens pour développer la santé connectée ? Ne faut-il pas commencer par le commencement, couvrir l'ensemble de l'hexagone du très haut débit ? La santé connectée ne semble pouvoir n'avoir lieu qu'à ce prix.
Or à ce jour, nombreuses sont encore les zones grises. Pire encore en 2017, il existe toujours des zones blanches, ce qui n'implique aucune connexion à internet ni couverture mobile.
Dans un tel marasme numérique, comment espérer pratiquer la HAD (Hospitalisation à Domicile) si le patient n'est pas n'est pas relié à une équipe qui peut le suivre à distance !
Et pourtant, la HAD fait partie de ses moyens permettant de réguler une partie du déficit de la sécurité sociale.
Concernant les maladies chroniques qui sont en forte augmentation, elles sont la cible idéale pour les objets connectés. Ceux-ci permettent la surveillance et la transmission des données à des médecins et experts éloignés et ainsi un suivi de l'état de santé.
Déserts médicaux. Pas de réseau, pas de E -santé
Dans son rapport Monsieur Maurrey poursuit que : « les priorités concrètes de l'aménagement du territoire sont identifiées : la couverture numérique fixe et mobile de tous les territoires ; la lutte contre les déserts médicaux ; le maintien d'un niveau suffisant de services publics et d'infrastructures critiques … »
Il devient urgent d'offrir une couverture numérique à l'ensemble de nos co-citoyens leur permettant de devenir acteurs de leur propre santé grâce à l'utilisation des objets connectés et applications de santé.
Mais cette couverture numérique doit permettre aussi d'attirer plus de professionnels de santé dans les villes et centres bourgs.
Ils pourront ainsi avoir accès à l'information plus rapidement, se former grâce aux MOOCS, échanger, partager avec d'autres professionnels de santé, se renseigner sur les dernières nouveautés médicales.
Il est indéniable que la santé connectée est un virage INCONTOURNABLE, mais sans couverture numérique pas de santé connectée, pas de médecins.
C'est une nouvelle génération de médecins qui vient à sortir de nos universités, des générations Y qui ne lâchent pas leurs tablettes, ordinateurs, réseaux sociaux. Alors, comment provoquer l'envie de venir dans des régions non couvertes par la 3G à minima.
Parler du problème et alerter l'opinion publique
C'est pour poser ses états de fait , trouver des solutions et alerter qui de droit, que se sont créés les « Universités des déserts Médicaux et Numériques » qui se tiendront cette année les 8 & 9 septembre à Auzon à équidistance de Lucenay Les Aix (Nièvre) et Chézy (Allier) .Le choix du lieu peut paraître décalé cocasse, mais il est stratégique.
C'est lors d'un week-end entre acteurs de la santé connectée que ces derniers se sont rendu compte que leur lieu de villégiature ne disposait d'aucun accès à internet …les SMS passant à peine.
Inadmissible pour eux, Il ne leur en fallait pas moins pour créer un rendez-vous permettant de se faire rencontrer, pouvoir public, professionnels, opérateurs, etc.
Lors de ces deux jours seront abordés les thèmes aussi variés que :
- La réalité des déserts médicaux ou comment couvrir les Zones blanches & grises. Quel est l'état de la e santé en France et surtout quels en sont ces desseins ?
- Dans un désert médical, quel est le bon parcours de soin et comment faire sans aucune connexion, les problèmes juridiques que cela engrange.
- Enfin sera également présentée : Ma petite maison de santé connectée.
Retrouvez les universités des déserts Médicaux et Numériques le 8 et 9 septembre 2017 à Auzon, 58380 Lucenay Les Aix, ou Ozon, Ou Parc d'Auzon suivant les GPS et le sens du vent.
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