Est-ce que l'Internet des objets va tuer ou sauver l'environnement ? Cette question tout à fait légitime, c'est The Guardian qui se la pose. Expliquons les tenants et les aboutissants de cette problématique d'envergure.
L'Internet des objets est souvent associé par les compagnies productrices d'énergie à un moyen de réduire l'impact écologique de leurs activités. Ainsi, les capteurs installés dans les centrales électriques permettent d'obtenir des relevés sur la production, afin d'aider les gestionnaires dans leur choix. Ils peuvent ainsi plus facilement décider quand augmenter la production ou à l'inverse réaliser des délestages, ne pas alimenter certains lieux ou bâtiments pour ne pas mettre en surchauffe les cœurs d'une centrale.
Cette pratique s'applique évidemment au secteur du bâtiment où la gestion doit être adaptée aux besoins et à la structure, l'isolation du bâtiment et bien évidemment sa fonction. Nous avons longuement évoqué les smart grids et les avantages à les placer dans des endroits critiques.
IoT et environnement : l'arrière du décor peu reluisant
Pour garantir cette efficacité, les capteurs intelligents doivent être estampillés basse consommation. Les technologies de communication adaptées sont nécessaires pour remplir cet objectif. Ainsi, le Bluetooh Low Energy et les réseaux tels que Sigfox et LoRa répondent à la problématique. Aussi les batteries qui alimentent ces capteurs doivent garantir une bonne autonomie : 5 ans sont un minimum.
A ce sujet il existe des capteurs qui emmagasine de l'énergie, soit par l'utilisation de panneaux solaires, soit par la récolte grâce aux appareils avec lesquels ils sont en contact. De cette manière le smart grid auto alimenté compense son impact énergétique et se veut plus écologique. Mais quand nous parlons de capteurs, nous oublions souvent l'étape de la fabrication des composants.
Même si nous nous orientons de plus en plus vers des capteurs IoT à la durée de vie étendue, la production est inévitablement dangereuse pour l'environnement. Cela va de la récupération des matières premières à l'usinage des circuits intégrés. En effet, les pratiques de l'industrie minière et des fabricants de composants sont très difficilement en accord avec l'adjectif « vert ». L'utilisation d'agents chimiques pour extraire les minerais et traiter les circuits, des engins de transports très consommateurs en gazole, des livraisons par camions, avions, etc. Nombreux sont les points d'améliorations.
Si ce problème n'est pas imputable à l'Internet des objets, ce secteur grandissant peut jouer dans l'aggravation de cette situation. Il faut ajouter à cela les datacenters qui stockent les milliards de données. Ces grandes salles serveur consomment l'équivalent des foyers du New York en électricité tout en ayant la fâcheuse tendance à chauffer.
Des efforts pour corriger le tir
Les grandes entreprises ont très bien compris ce problème et localisent leurs datacenters dans le nord de l'Europe où la production d'énergie renouvelable est plus avancée. Selon The Guardian, Apple utilise 100 % de cette énergie « recyclable », ce pourcentage monte à 73 % chez Yahoo, 49% pour Facebook et Google, 46 %.
D'après les analystes, le besoin d'accès rapide aux données, par le biais de technologies comme le fog computing, diminuera la consommation d'énergie. Les voitures autonomes et des industries de précision ont besoin d'un traitement en temps réel des données en provenance des capteurs. Le stockage se fait alors de manière plus localisée dans des infrastructures de tailles réduites.
Le consortium international Global e-Sustainability Initiative tente de mettre en avant ces nouvelles technologies pour protéger l'environnement des émissions massives de dioxyde de carbone. En 2015, il a publié un rapport intitulé SmaRter 2030 qui prévoit que l'utilisation des technologies comme l'IoT permettra de réduire de dix fois les émissions de CO² d'ici 2030.
L'installation des dispositifs ne serait alors qu'une étape polluante vers un monde plus écologique. Cette position semble tout de même difficile à défendre dans un monde où le pétrole reste une monnaie principale d'échange et où les États-Unis reviennent sur leurs engagements pris au moment de la Cop21.
Si s'équiper coûte encore cher, si l'IoT a un impact sur l'environnement, il semble plus profitable que le modèle actuel. Avant de séduire la classe dirigeante, il faudra multiplier les itérations pour prouver l'efficacité de l'approche technologique de l'environnement. Un défi complexe et à double tranchant.
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