Le designer Xavier Houy a réalisé le design et l’intégration électronique de Mother de Sen.se. Selon lui, il faut penser l’objet dans sa globalité, de son idéation à sa commercialisation, en passant par son industrialisation, dès le début. Et il faut donner un nom à son objet, pour qu’il ait une identité propre, mais surtout une histoire. C’est pour cette raison qu’il a conçu Mother, cette “maman des objets connectés” en forme de poupée russe, de matryoshka, accompagnée de ses motions cookies, qui sont des gâteaux préparés avec amour.
Il existe plusieurs méthodes différentes d’ idéation. Aucune n’est à recommander en particulier, tout dépendra des critères d’environnement du moment.
Critères d'environnement
Brainstorming / BrainWriting
Trouver des idées avec la technique d’Alex Osborn
Technique aléatoire
Dodécaèdre de Roger Von Oech
Technique associative
Mind Mapping et la Mind Map de Tony Buzan
Technique du concassage
Liste de questions d’Alex Osborn et d’Eberle
Technique analogique
Six chapeaux d’Edward de Bono
Design thinking
Etape qui se comprend en 3 ou 7 étapes suivant les auteurs ou les approches.
Il eut été possible de parler préalablement des POC, c’est-à-dire les prototypes produits pour matérialiser une idée, explorer une voie. Ce sujet revêt peu d’importance en soi dans la mesure où il n’a très majoritairement pas vocation à être industrialisé, à l’image des concepts cars qui mettront en valeur une marque versus une voiture adressant un besoin de marché.
Concentrons-nous donc sur une optique industrielle, c’est-à-dire celle qui ambitionne de produire un objet et un service. Cette ligne nous permettra, bien évidemment, de comprendre la notion de prototypage.
En l’espèce, comme il est détaillé dans “Objets connectés, la nouvelle révolution numérique” (Ed ENI), il convient de parler de prototypes, avec un “S” dans la mesure où cette production se construit dans un cycle itératif, type Agile, où chaque étape permet de se rapprocher d’un produit fini tout en s’accordant l’opportunité de revenir en arrière en cas d’impasse.
Parlons d’abord de “prototype fonctionnel” qui sera grossier, rustique, inesthétique- carte mère à nue et tous fils dehors-, mais qui testera la compatibilité des briques et délivrera un service et validera, à grosses mailles, le périmètre fonctionnel défini durant la phase d’ idéation. Cette première étape se construit entre quelques secondes à 2-3 semaines et coûtera quelques milliers d’euro.
Le prototype pré-industriel permettra de produire un démonstrateur et de référent pour produire le cahier des charges ou une réponse à un appel d’offres. C’est donc à ce stade que s’opèrent les arbitrages quant aux caractéristiques physiques (eg: taille, poids), techniques (eg: OS, capteurs, radio) ou marketing ( eg: design, fonctionnalités, valeur perçue cible).
À l’issue de cette phase issue de l’ idéation se pose la question du Go/ noGo, c’est-à-dire le choix crucial du décollage ou du rétro allumage.
L’industrialisation à proprement parler. C’est une homéostasie qui se crée, à cette étape, entre l’équipe interne (eg une compétence en électronique) et les équipes externes de production (eg, l’usinage). À cette étape va apparaître la “V0”, c’est-à-dire le produit fini qui servira de référence aux différentes parties prenantes, ce réel final qui permet de produire la BOM (bill of manufacturing). Ici s’usinent les moules, sont reçues et ajustées les différentes pièces, s’assemblent les différentes pièces.
Le packaging est la dernière phase du processus industriel. Il s’agit d’engager une dépense non plus sur le produit, mais sur l’écrin, sur une dimension périphérique, mais critique: ce qui va mettre en valeur le produit, le rendre désirable et compréhensible. Le marketing reprend la main qu’il avait laissée après l’ idéation, bouclant la boucle.
INTERVIEW
RENAUD ACAS, CEO PUBLITHINGS
1 – Que représente la phase d’idéation selon vous et quels sont les prérequis avant de s’attaquer à la conception matérielle d’un objet connecté ?
La phase d’idéation est importante. Certains disent que c’est LA plus importante. En fin de compte on remarque souvent qu’il y a plusieurs phases d’idéations. Les idées se développent et émergent logiquement tout au long de la création du produit et même après. Il y a très peu d’objets connectés qui n’ont pas lancé leur « V2 ». Tout dépend du type d’objets que l’on veut concevoir. Pour des montres et des bracelets connectés, cela me parait évident de devoir lancer de nouvelles versions (suite à des idéations) régulièrement. A contrario, Mother de Sense est un objet connecté conçu pour durer. C’est plus la couche logicielle qui va largement amélioré ce que le produit délivre (une idéation sur le long terme a été faite sur le produit, il y en aura d’autre sur la partie logiciel afin d’apporter de nouvelles fonctionnalités.).
Dans ce stade d’idéation, il faut se demander à quel besoin répond mon objet connecté. Durant ces 2 dernières années, on a vu beaucoup trop d’objets connectés lancés, mais très souvent ceux-ci ne répondaient à aucun besoin identifié. Ne soyons pas désobligeants, ne mentionnons personne ici.
Je pense également qu’il est indispensable de passer par une étape de lecture d’études et de benchmarking afin de bien connaître le secteur que l’on vise.
2- Où tire-t-on ses influences pour concevoir un objet connecté ?
On va moins parler d’influence que d’analyse de marché. C’est l’autre moitié du cerveau qui est sollicitée ici. Néanmoins, vous avez raison de le souligner, des entrepreneurs comme Steve Jobs ou Elon Musk peuvent être des sources d’inspiration. “Think different”.
3- Comment innover sans copier et sans risquer de tomber à côté ?
Innover, c’est essayer et ne pas avoir peur de rater. L’innovation et l’échec sont liés. Étroitement. Et puis, on trouvera toujours quelqu’un qui aura eu une idée similaire avant vous.
Je découvrais récemment que Thomas Edison avait produit une voiture électrique, bien avant Elon Musk qui est pourtant aujourd’hui le “top of mind” sur ce segment.
4- Quels objets connectés vous inspirent et vous font penser que la phase d’idéation a été bien pensée ?
J’y reviens: Tesla. Chacune des premières minutes dans la voiture est une découverte, une expérience qui se prolonge et se renouvelle à mesure des mises à jour logiciels.
5- Quelles sont les erreurs absolues à ne pas commettre ?
Penser que le monde attend votre produit.
6- Qui aller voir pour avoir une phase d’idéation bien rodée sur son objet connecté ?
C’est un mélange, une rencontre de cultures différentes. D’abord des spécialistes qui pourront encadrer l’échange. C’est une technique à maîtriser. Et puis les clients potentiels, c’est avec eux qu’il faut créer, la vérité est souvent chez eux. Enfin, les parties prenantes internes, les plus utiles. J’y rajouterai un candide, celui qui une la parole libre, mais argumentée.
7- Quels sont les risques à prendre et ceux à éviter à tout prix lorsque l’on prévoit de se lancer sur le marché de l’IoT avec un produit originalement conçu ?
Chaque cas est différent. L’humilité et le courage sont probablement des vertus cardinales pour réussir.
8- Y a t-il une marche à suivre pour l’idéation ?
Dans cette phase on serait probablement entre la maïeutique et l’Agilité. La technique est assez maîtrisée maintenant et offre un cadre adaptable à chacune des situations. Difficile de la décrire en l’état, c’est de la haute couture. Appelez-nous, nous vous expliquerons.
bonjour,
je travaille sur un objet connecté et souhaiterais faire valider la faisabilité d’un démonstrateur avant prototypage. Pouvez vous me dire si est possible de faire une présentation auprès d’experts. Merci