Certains secteurs parfois opposés se ressemblent fortement. C'est le cas de l'industrie 4.0 et de l'hôpital 2.0. Voici 5 pratiques de l'IoT industriel appliquées à la santé connectée.
Dans l'IoT, certains secteurs innovent plus rapidement que d'autres. C'est le cas de l'industrie. Plusieurs raisons expliquent les tests et les adoptions rapides dans ce secteur. Entre autres, les standards sont pour la plupart déjà en place, les plateformes techniques peuvent en partie prendre en charge les données générées par les capteurs industriels. Surtout, le retour sur investissement a été rapidement identifié, ce qui permet de dégager des budgets alloués à la mise en place d'infrastructures IoT dans les usines, notamment.
Les industriels développent ou s'approprient des techniques de pointe afin de former leurs techniciens, de suivre la production à distance, de faire de la maintenance prédictive, de l'optimisation de flux de travail ou bien de la gestion d'inventaire. Autant d'approches qui peuvent être adaptées au monde hospitalier. Voici ces 5 moyens technologiques adaptés à l'hôpital 2.0.
1. Suivi des patients à distance
L'humain n'est pas une machine, malgré tout ce que Descartes en pense. Pourtant, notre présupposition à nous inspirer du corps humain afin de développer des instruments, des moteurs et toute sorte d'objets indique une certaine similitude entre certaines machines et notre corps. Ainsi, suivre les paramètres vitaux d'une personne n'est pas plus compliqué que de contrôler une machine. Suivre le rythme cardiaque, la pression sanguine, le taux de glucose dans le sang des diabétiques, et bien d'autres métriques. Les capteurs en question peuvent recueillir des données en temps réel et alerter le personnel médical référent en cas de problème. Cela peut faciliter des interventions plus rapides au sein de l'hôpital 2.0.
Pour les concepteurs de ce type de matériel médical avancé, tout le jeu est de réduire leur invasivité, de faire en sorte que ce soit des objets connectés que l'on oublie rapidement.
2. Soins préventifs et prédictifs
Ces objets connectés médicaux, une fois plus répandus, peuvent aider à mettre au point des algorithmes de détection des pathologies dans le cadre d'un check up, et des événements comme des crises pour ceux qui les portent en permanence. Rapidement, on découvre que la médecine préventive peut rapidement se lié aux formes de déductions prédictives. C'est le même constant dans l'industrie.
Dès lors, le développement des algorithmes devient essentiel afin d'identifier les différentes maladies et de prédire les possibles crises. Il s'agit alors de faciliter les collaborations entre des entreprises comme IBM avec des experts, de soutenir des initiatives comme celle de Sophia Genetics afin de faire le lien entre les deux pendants technologiques. L'hôpital 2.0, c'est aussi accepter une plus faible fréquentation des couloirs.
3. Formation dans l'hôpital 2.0
Les étudiants en médecine et infirmiers et leurs centres de formation sont confrontés à des problématiques d'accès aux matériels, aux stages et à des moyens de s'entraîner en toute sécurité. Des mannequins équipés de capteurs peuvent simuler les réactions d'un patient et ainsi aider les étudiants à apprendre les bonnes réactions. L'autre technologie prometteuse dans ce cadre, c'est la réalité augmentée. Le casque Microsoft HoloLens a permis notamment de visualiser en temps réel et de faciliter la pose d'une prothèse d'épaule à l'hôpital Avicenne au début du mois de décembre 2017. Le dispositif affichait des projections virtuelles de la prothèse, mais aussi des résultats d'IRM, des radiographies, des informations sur l'épaisseur de la peau, etc. Au-delà de son utilité lors d'une opération, un tel appareil permet de visualiser des informations supplémentaires par-dessus un mannequin, par exemple. Une simple application sur smartphone peut obtenir le même résultat et afficher un substrat d'informations facilitant l'apprentissage au sein de l'hôpital 2.0.
4. Optimisation du flux de travail
Les patients ne sont pas les seuls à pouvoir bénéficier des nouvelles technologies. Tout comme au sein des usines, les gérants de l'hôpital 2.0 veulent pouvoir améliorer, optimiser le flux de travail. Cette amélioration passera sans doute par un abandon progressif de la feuille volante. Mais vu le manque de moyen criant de la grande majorité des centres de soins, il faut pouvoir proposer des solutions à des coûts raisonnables qui faciliteront l'enregistrement d'un patient, le relevé de données vitales de manière automatique, de transmission de ces dernières à des tablettes ou des terminaux professionnels, de partage de documents par le biais d'un cloud privé agréé et sécurisé, etc.
C'est peut-être là où les autorités et les directions des différents hôpitaux pourront agir le plus rapidement dans un objectif de transformation numérique lié à une révision des arcs organisationnels.
5. Gestion d'inventaire médical
Là encore les évolutions amenées par l'Industrie 4.0 influent sur l'hôpital 2.0. C'est là une application directe de la gestion des stocks en usine. Il faut ajouter à cela une dimension sécuritaire puisque certaines substances peuvent poser problème suivant le dosage ou peuvent être même détournées. De même, il convient d'assurer le réassortiment de l'équipement médical. Connecter les assets par le biais d'étiquettes RFID permet alors de vérifier en temps réel les stocks, de commander automatiquement les médicaments avant la pénurie, et ainsi faire en sorte de réduire le gaspillage tout en éliminant les erreurs humaines.
Mais avant de voir ces moyens technologiques débarqués au cœur de l'hôpital 2.0, il faut d'abord équilibrer les rapports entre les autorités, les gouvernements et le personnel soignant. Sans une organisation assainie ou un rééquilibrage dans les rapports, ces technologies ne seront pas acceptées. En France, il convient également de soutenir notamment financièrement les hôpitaux, le personnel afin de faciliter cette optimisation des soins et des pratiques. Si l'État a annoncé un investissement de 5 milliards d'euros en ce sens, pour l'instant, la réforme des hôpitaux ressemble davantage à une optimisation financière qu'à une véritable amélioration de la gestion des établissements.
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