Notre quotidien est de plus en plus connecté. Notre montre, notre voiture, l'éclairage de notre domicile, nos trackers de santé… nous accumulons des objets de plus en plus complets et reliés à interner. Le fait de transformer chaque objet physique en objets connectés à internet aura d'énormes implications pour l'industrie, mais aussi dans le domaine de l'assurance, capable d'analyser les comportements de leurs clients. Nos libertés individuelles sont-elles en dangers ?
Un monde de plus en plus connecté
Il y a quelques années, l'idée ne serait venue à personne d'acheter une ampoule connectée ou un bracelet « coach » de santé concernant la pratique du sport. Nos habitudes et notre relation face aux objets de notre quotidien changent, tout est plus connecté. Notre quotidien n'est pas le seul à devenir plus personnalisé, cette évolution s'applique également à nos contrats d'assurance. Nos assureurs cherchent à innover dans leur domaine et à tirer parti de l'internet des objets. Tout comme les constructeurs de voitures et de montres connectés, les assureurs travaillent à personnaliser leurs offres face à notre comportement afin de nous proposer des contrats sur-mesure.
Afin de comprendre comment les objets connectés ont une incidence dans notre relation avec les compagnies d'assurances, nous allons analyser certains problèmes du quotidien où intervient l'IoT.
#1 Une caméra dans son salon ? Surement pas. Alors pourquoi dans sa voiture ?
Il est possible pour un conducteur de prouver à son assureur, en temps réel, qu'il adopte un bon comportement de conduite et ainsi bénéficier d'un rabais sur sa facture d'assurance. Deux dispositifs permettent d'enregistrer ses habitudes de conducteur et de les transmettre à son assurance : NationWide SmartRide et Progressive Snapshot.
Le point positif, c'est qu'un assureur peut maintenant observer, sans délai, ses clients dans leurs voitures et leur offrir des solutions pour promouvoir la sécurité au volant en leur faisant bénéficier de contrats avantageux pour les encourager à tenir une conduite responsable.
Mais attention. Pour le moment, c'est l'assuré qui décide d'installer ou non un appareil capable d'enregistrer son comportement sur la route. Mais que se passerait-il si posséder un tel appareil devenait la norme, si cela était imposé ? Entrer dans un monde de plus en plus surveillé est synonyme de restrictions et de diminutions de la liberté individuelle. Si personne ne veut d'une caméra dans son salon, pourquoi voudrions-nous d'un appareil qui nous surveille dans notre voiture ?
L'idée de récompenser les bons conducteurs en possession d'une caméra connectée aux assureurs semble aux premiers abords être une bonne idée. Cependant, même si ce n'est pas actuellement le cas, généraliser l'installation d'une caméra dans sa voiture pourrait donner bien trop de pouvoir aux assureurs.
#2 Une maison connectée est une maison plus sûr
La maison de demain sera intelligente. Les murs seront capables de dire s'ils ne retiennent pas assez la chaleur, le toit de tirer une sonnette d'alarme en cas de fuite avant une tempête, nos téléphones pourront nous avertir si un robinet est mal fermé afin d'éviter une potentielle inondation, et notre four pourra s'éteindre à notre sortie de domicile.
Aujourd'hui, des entreprises comme Nest Notion et Rachio produisent des capteurs reliés à la Wi-Fi permettant de détecter les sons, la température, l'humidité, la présence d'eau et les mouvements suspects. En cas de sinistres lourds, le fait d'avoir équipé ces appareils de préventions peut augmenter le dédommagement perçu par son assureur.
Tout comme pour la caméra embarquée dans une voiture, le but est d'inciter le client à la vigilance et de le récompenser pécuniairement. Cependant, contrairement au cas précédent, ici la surveillance n'est pas intrusive. En effet, ce n'est pas directement l'habitant de la maison qui est surveillé et analysé, c'est la maison en elle-même et ses équipements. Intégrer à son habitat de tels produits connectés assurant une plus grande sécurité ne semble pas liberticide. Mieux, assurés et assureurs ont tout à gagner à la banalisation d'utilisation de ces capteurs. Pour l'assuré, c'est plus sûr pour sa propre sécurité et pour son porte-monnaie. Pour l'assureur, ce sont des clients qui payent leur assurance tout en étant moins susceptibles de recevoir des dédommagements suite à un sinistre, puisque leur habitat est plus sûr.
Axa, pionnier du secteur, tâte aujourd'hui le terrain avec un service pour la maison connectée. Il sera expérimenté sous la forme d'un projet pilote en octobre prochain avec l'application Mon Axa.
#3 Les trackers de santé et les assureurs
Peut-être vous êtes-vous équipé d'un tracker de santé suite à un rendez avec votre médecin, vous ne seriez pas le seul. Celui-ci vous a peut-être indiqué que votre taux de cholestérol était trop élevé et qu'une alimentation plus responsable était nécessaire. Les traqueurs de Fitbit et Jawbone peuvent être une solution à ce problème. De précieuses informations peuvent ainsi être récoltées et vous permettre d'éviter un drame sanitaire ou vous remettre en forme.
L'électroménager peut-être aussi connecté pour vous prévenir d'un comportement qui n'est pas sain pour votre santé. C'est le cas des réfrigérateurs et tasses connectés.
Partager les données reçues sur votre état de santé avec un assureur peut signifier avoir un comportement préventif et vous permettre de profiter d'une réduction de votre facture d'assurance. Toutefois, il n'est pas inenvisageable de penser qu'un assureur pourra par la suite, augmenter considérablement votre facture d'assurance ou même décider de ne plus vous assurer si votre état de santé se détériore malheureusement trop.
Toutefois, s'équiper d'un tracker pour surveiller son état de santé n'est pas une mauvaise chose en soit, c'est même recommandé. Espérons que ce genre d'équipement sera l'objet d'innovations capablent de déceler de plus en plus efficacement un problème santé interne, jusque-là indétectable, comme les ruptures d'anévrisme. Le marché des trackers de santé explose, c'est le cas de Fitbit qui a récemment triplé ses revenus. Les grandes entreprises s'intéressent de plus en plus à la santé de leurs employés, un employé en bonne santé est plus performant. Certaines compagnies comme BP en ont même distribué à leurs salariés.
Cependant, il semble dangereux de laisser de telles informations sur notre intimité aux assureurs. Comment être sûr que ces données ne seront pas utilisées à notre insu ?
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