A la Maddy Keynote, la notion d'éco-responsabilité était dans toutes les bouches, mais les préoccupations des entreprises tournent encore et toujours autour de leur transformation numérique.
La Maddy Keynote est devenue un rendez-vous important pour les décideurs en quête de transformation numérique. Lors de la quatrième édition, les organisateurs imaginaient l'évolution du travail, de la consommation et du bien-être en 2084. Bien évidemment, l'espace de conférence et le Workshop, le lieu des tables rondes, profitaient d'un planning particulièrement chargé. L'occasion pour les “speakers” de s'adonner au jeu de la phrase-choc, au jeu de la disruption.
Maddy Keynote : Et si le futur était éco-responsable ?
Mais pour nous le plus intéressant était de découvrir les applications concrètes imaginées par les entreprises et les startups. Celles-ci espèrent bien que leurs technologies deviennent des standards dans les années à venir. Cette année, l'Immersive Space de la Maddy Keynote occupait moins d'espace. Pour autant, les solutions proposées donnent un aperçu d'un futur proche où la robotique, l'intelligence artificielle et l'IoT ont toute leur place. Nous avons vu Mip Robotic, les concepteurs d'un bras robotisé pour l'industrie vendue sous la barre des 10 000 euros, un exosquelette mécanique imprimé en partie en 3D conçue pour la SNCF, une cabine de télémédecine, un bras robotisé kinésithérapeute ou encore une vitrine connectée propulsée par la technologie française AirxTouch et vendue par Samsung.
Nous avons aussi vu Le Pavé Parisien. Non ce n'est pas une arme par destination utilisée par les plus violents des gilets jaunes. Il s'agit d'une enceinte connectée en Bluetooth conçue en béton. Pourquoi cette matière ? Parce qu'elle permet une meilleure acoustique que le bois ou le plastique nous a-t-on assuré sur le stand dédié. Cette petite enceinte nomade développe un son clair et puissant (malgré les 20 watts) qui a même séduit les ingénieurs de Devialet. Fabriqué intégralement en France, le Pavé Parisien s'inscrit dans une démarche responsable et durable.
Ce produit est annoncé comme “entièrement réparable par l'utilisateur”. Le bloc de béton peut être re-coulé, tandis que l'électronique se change rapidement, notamment la batterie qui est accessible en retirant quatre vis, puis le tweeter. Pour ceux qui souhaiteraient personnaliser ce produit, la startup propose une gravure laser et différents motifs de grille pour protéger la membrane du haut-parleur. D'ailleurs chaque pavé est unique, puisqu'il intègre une puce NFC dans laquelle figure le numéro de série. Le Pavé Parisien est proposé à partir de 349 euros. Les premières commandes seront pleinement assurées dès le mois de février.
Maddy Keynote : l'expérience Good Goût en 2084
Cette démarche éco-responsable séduit de plus en plus les entreprises. C'est notamment le cas de Good Goût et de Salesforce. Good Goût conçoit des compotes et des petits plats pour enfants en bas âge. Elle privilégie les ingrédients biologiques avec des listes d'ingrédients courtes. La jeune société française a tapé dans l'oeil du géant hongkongais de la nutrition pour bébé H&H qui l'a racheté au mois de septembre dernier.
Salesforce n'est plus vraiment à présenter. L'éditeur de logiciels spécialiste du CRM accompagne Good Goût et bien d'autres entreprises dans la gestion de la relation client. Lors de la Maddy Keynote, Salesforce a mis en scène ce que pourrait être sa collaboration avec le spécialiste de la nutrition pour enfants en 2084.
Tout commence par l'agrégation de données. Cette technique permet notamment de repérer les nouvelles tendances sur les réseaux sociaux. Ainsi, Good Goût peut réaliser des compotes mêlant pomme et fruit du dragon, par exemple. Ensuite, il s'agit de contacter les producteurs et les fournisseurs. Pour cela, une simple plateforme Web facilite les transactions. Une fois l'ordre de commande passée, le producteur accepte ou non d'assurer la livraison.
L'atelier connecté
C'est lors de la livraison que Salesforce fait intervenir l'Internet des Objets. En effet, l'éditeur de logiciels propose depuis près de trois ans une plateforme IoT. Dans le cadre de la démonstration, un capteur de température, d'humidité et de choc intégré dans un chargement (en l'occurrence, un train de marchandises Lego) assurait le bon déroulement de l'opération. Le capteur fabriqué par Axible communique en Sigfox afin de transmettre les données à Good Goût. Ainsi le responsable sait quand sa marchandise arrive et peut aussi réaliser de l'analyse prédictive de la production des plats et des compotes.
Il peut également vérifier la qualité des produits grâce à la computer vision. En effet, l'atelier connecté embarquait un tapis de tri où une caméra facilite la séparation des fruits abîmés des bons fruits. Selon les explications de Gauthier Ginistry, Spécialiste Marketing Produit Salesforce et responsable de la démonstration lors de la Maddy Keynote, l'orchestration est réalisée par le biais de Mulesoft. Cet outil récemment racheté par Salesforce facilite la connexion des différentes applications et des données entre elles.
L'autre problématique que veut solutionner Salesforce, c'est la traçabilité du produit final. Pour cela, l'éditeur de logiciels s'allie à IBM afin de proposer des offres de Blockchain. Ce tiers de confiance technologique permet de connaître le parcours des petits pots, sa composition et la provenance des ingrédients et leurs parcours. Ces données peuvent être consultées par les clients en magasin depuis une application de réalité augmentée. Ainsi tous les outils déployés le long de la chaîne facilitent une consommation raisonnée.
Les enjeux écologiques préoccupent Salesforce
Cette démonstration n'est pas vaine. Si elle donne un aperçu du futur lors de la Maddy Keynote, “c'est un sujet important pour les clients”, précise Guillaume Aurine, Directeur Marketing Produit chez Salesforce. Il faut pouvoir démontrer rapidement l'efficacité des technologies à des clients qui ne sont pas encore totalement convaincus des bénéfices de l'IoT. En effet, 80 % des projets IoT lancés terminent en échec selon une étude menée par Cisco.
Il s'agit également pour Salesforce de communiquer sur son appétence pour le “ business for good”. “Notre conviction, c'est que nous allons faire du business pour le meilleur de la planète”, assure Guillaume Aurine. Cela passe notamment par l'arrêt des émissions carbone dans le cadre de la gestion des centres de données. En effet, Salesforce a réussi le 13 avril 2017 à ne plus utiliser de l'électricité produite avec des énergies fossiles dans ses data centers. Le 17 janvier 2019, l'entreprise a annoncé qu'elle espérait consommer 100 % d'énergie renouvelable à l'horizon 2022.
La réduction des émissions est une nécessité selon Guillaume Aurine. “En 2084, plus de 90 % de la population vivra dans 900 mégalopoles dans le monde”. Connecter les infrastructures, mettre en place les villes intelligentes facilitera cette gestion compliquée.
Cependant, si les clients de Salesforce sont intéressés et conscients de ces problématiques, l'approche reste “Business First”.
Business First : les entreprise cherchent d'abord à assurer leur survie
Selon notre interlocuteur, cinq problématiques reviennent souvent dans la bouche des clients de l'éditeur.
“Comment faire en sorte d'aller plus vite que mes concurrents ? Comment je travaille mieux avec les autres en écosystème, comment je développe une plateforme d'accès à la donnée ? Comment je crée une culture d'innovation pour tirer tous les employés vers le haut ? Comment je fais en sorte d'être rentable et en même temps écologiquement responsable ?. Et enfin comment je deviens à la fois une marque stratégique et émotionnelle ?”
Et répondre à ces problématiques semble réussir à Salesforce. En novembre, L'entreprise a annoncé avoir réalisé un chiffre d'affaires en augmentation de 26 % au troisième trimestre 2018 par rapport à l'année dernière. Le groupe dirigé par Marc Benioff dont 20 % du chiffre d'affaires provient de son activité Cloud espère réaliser 16 milliards de dollars à la fin de l'année fiscale 2020. A la fin de l'année 2019, il compte atteindre 13,24 milliards de dollars contre un peu plus de 10 milliards en 2018. En revanche, Salesforce ne précise pas encore ses revenus IoT, signe qu'elle doit encore séduire ses clients sur ces aspects. Avant de rêver à l'année 2084, les entreprises cherchent à maîtriser dans les deux ans à venir.
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