Nous entrons dans l'ère de la Médecine du futur, pour ne pas dire que nous y sommes déjà. D'ici 2020, le poids de la e-santé avoisinera les 117 milliards de dollars. Bien-être, forme physique, surveillance à distance… autant de nouveautés qui nous amènent à repenser notre système de santé.
Le numérique comme avènement possible d'une médecine personnalisée ?
Un rapport récent prévoit une croissance non négligeable de la santé connectée, dû certainement à une gestion déjà mieux contrôlée, et peut-être mieux comprise, des dispositifs mis à disposition. Face au vieillissement de la population et des maladies chroniques, de plus en plus de sites internet fleurissent et y vont de diagnostics plus ou moins loufoques. Pourtant, la majorité des professionnels de la santé plébiscitent l'auto-diagnostic, sont donc évidemment favorable à l'avènement de la Médecine du Futur. Qu'en est-il pourtant de leur formation à ces innovations ? Une nouvelle plateforme web, mesdocteurs.com, a réussi à lever 1.2 millions d'euros pour son développement. Un succès qui fait mouche au milieu de milliers d'informations douteuses que l'on trouve en tapant “j'ai mal à la tête” dans les moteurs de recherches. Ici, il est possible de parler avec un véritable médecin, en ligne. Fini les forums anxiogènes qui nous trouvent des cancers quand on s'est tordu la cheville.
Remodeler radicalement le paysage médical, favoriser le résultat plus que la procédure
Le Ministère de la Santé met tout en place pour soutenir l'innovation. Marisol Touraine, qui compare le bouleversement numérique à celui de l'électricité au XIXème siècle, a annoncé lors de la Journée Nationale de l'innovation le 23 janvier 2016, un budget de 340 millions d'euros, dédié à l'innovation en matière de santé, en faveur des startups, premiers acteurs de la santé du futur. La croissance de la technologie e-santé s'accompagne d'un risque lui aussi croissant de piratage, voire, dans le climat actuel, d'un risque terroriste. Comment verrouiller, contrôler l'accès à nos données ? La carte vitale est facile à pirater, quid des puces électroniques ? Si nous sommes amenés à être tous connectés, nous pouvons légitimement se poser ces questions. Marisol Touraine effleure dans son discours lors de la Journée Nationale de L'innovation, que les avancées numériques en matière de santé ne se feront pas au dépend des conditions de sécurité. Pourtant, le sujet qui semble primordial, ne semble pas encore réellement traité.
Phillipe Douste Blazy, quant à lui, ancien ministre de la santé et désormais créateur de la startup Honestica, conseille de ne jamais rien communiquer à propos de ses données personnelles de santé, à son banquier ou encore à son assureur. Cela paraît évident, mais il est vrai que dans une situation catastrophe, on imagine aisément ce qu'il se passerait si nos données de santé tombaient entre des mains mal avisées et surtout mal intentionnées ! Des auteurs d'anticipations s'en sont déjà chargé. Toujours d'après Douste Blazy, le système médical français n'est peut être pas encore prêt à de tels changements, des changements qui révolutionneraient toutes nos habitudes dans le domaine : on est actuellement à l'aune d'une transformation radicale. Oui, mais à quel prix ?
L'évolution de la médecine est de passer d'une médecine curative individuelle – qui coûte très cher – à une médecine communautaire et préventive, grâce au Big Data
conclut ce dernier, qui s'apprête donc à expérimenter sa solution auprès d'un hôpital toulousain
Les comptes rendus de sortie de l'hôpital sont encore envoyés par la Poste, nous proposons de les gérer électroniquement.
Et il mise sur le soutien des médecins hospitaliers pour faire le succès de ce dossier médical électronique.
En conclusion, l'agitation (positive) des acteurs de l'innovation, startups, philosophes, entreprises… vont permettre d'obtenir une source intarissable de données personnelles, bien au delà de la taille, du poids, du rythme cardiaque….. une fois intégrées au big data, elles pourront être utilisées à des fins de nature douteuse. Il ne s'agira plus de perdre sa carte vitale uniquement et d'avoir recours à une démarche administrative pour la renouveler, mais de perdre le smartphone qui saura détecter les infarctus avant même de ressentir une douleur…
Autant de questions qui restent pour le moment sans réponses, et suscitent nos impatiences !
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