Il est désormais possible de se faire implanter une puce NFC sous la peau afin de remplacer tous les badges d'accès en entreprises, les cartes fidélité de commerçant ou par exemple une carte de salle de gym. Les entreprises et les organisations militaires du monde entier s'intéressent à ce système qui peut aussi être utilisé pour surveiller ses employés.
Aussi simple que se faire vacciner
Hannes Sjoblad, représentant de la Singularity University en Suède et de l'Épicentre co-working space à Stockholm est une « star » de la recherche dans le domaine de « l'homme augmenté ».
Il s'est implanté une puce qui lui permet de se passer définitivement de toutes les clefs, badges et cartes d'accès électroniques de son entreprise. Encore plus fort, cette technologie peut aussi servir à déverrouiller et ouvrir toute porte électrique sur son passage.
« C'était comme se faire vacciner, une petite douleur dans la main qui est vite partie »
– Hannes Sjoblad, décrivant le moment où un spécialiste lui implante une puce électronique sous la peau.
Environ 15 à 20% des 250 personnes qui travaillent avec lui à l'espace de co-travail Épicentre à Stockholm ont aussi choisi de s'implémenter une telle puce.
La puce NFC, un futur « must have » des entreprises ?
La tendance est à l'utilisation d'objets connectés et sans fil tels que les smartglasses et smartwatches. Depuis la présentation de son projet, Hannes Sjoblad est submergé de demandes d'entreprises et d'organisations militaires quant au fonctionnement de sa puce.
Une telle puce peut tout à fait permettre à un patron de surveiller les mouvements et l'état de santé de ses employés.
Les entreprises utilisent de plus en plus de dispositifs portables pour suivre la santé de leurs employés. Le but est de garder un œil sur les activités de ses salariés dans le cadre de programmes de «bien-être». Ces données peuvent être utilisées pour évaluer le coup des primes de polices d'assurance de santé des employés en cas d'accidents.
Des employés de plus en plus équipés
Afin d'augmenter la productivité et la sécurité de leur employé, les entreprises leur fournissent de plus en plus d'appareils connectés.
Par exemple, le géant pétrolier BP, a distribué plus de 24 500 trackers Fitbit afin de surveiller l'état physique de son personnel en Amérique du Nord en 2015.
En Australie, les conducteurs de camions dans les mines de charbon de Rio Tinto à Hunter Valley ont eu recours à un dispositif appelé « SmartCap » équipé de capteurs pour détecter la somnolence au volant. Il est conçu pour détecter l'état de sommeil du conducteur et lui donner l'alerte, même en cas de microsommeil.
XOEye a lui développé un ensemble de smartglasses industriels qui peuvent capturer des vidéos HD et détecter d'éventuels problèmes de construction et de fabrication. De plus, le porteur de ces lunettes connectées peut être guidé et aidé dans son travail par un autre employé depuis son poste de travail.
Quant à Amazon, il équipe ses livreurs de trackers GPS et leur fournit un lecteur de codes barres portatif. Le tracker GPS est utilisé par Amazon afin de guider ses employés et de leur faire emprunter les chemins les plus cours lors de leurs livraisons. Tout est fait pour augmenter la productivité des salariés.
La fin de la vie privée pour les employés
Augmenter l'efficacité de travail et la sécurité de ses employés est alléchant, mais il a un coût : le droit de l'employé à la vie privée. Il y a aussi le risque de créer par inadvertance un environnement de travail oppressant pour le moral du personnel.
Au Royaume-Uni, une étude a été commandée par Profusion pour savoir ce que pense les employés d'une entreprise quant à la surveillance de 171 de leurs activités. On compte parmi les activités surveillées la fréquence cardiaque et le déplacement des salariés. Il s'est avéré que vérifier en permanence la fréquence cardiaque d'un employé le rendait nerveux et moins productif. Quant à la surveillance des employés, il y a aussi le risque de créer par inadvertance un environnement de travail oppressif pour le moral du personnel de dommages-intérêts. En mars dernier, la CNIL envisagée de nous protéger de nous même, quant au danger de l'Iot en matière de protection de la vie privée.
Mike West, chef de direction chez Profusion a déclaré :
« S'il y a un facteur de frayeurs autour de ce que vous faites, vous ne devriez probablement pas le faire. »
Ainsi la technologie IoT utilisée pour la surveillance de ses employés peut apporter d'énormes avantages. Cependant, la question à se poser est de savoir si une telle pratique ne fait pas plus de mal que de bien.
Que se passerait-il si un patron d'entreprises utilisait une telle technologie de surveillance de ses employés en dehors du temps de travail ? Un chef d'entreprise mal intentionné pourrait très bien espionner ses employés à leur insu. Intégrer un système de surveillance a tous ses employés c'est ouvrir la porte à toutes les dérives et dire au revoir à la vie privée du salarié.
Nous entendons parler de violations de données chaque semaine, il est naïf de penser que la même chose ne se produira pas avec ces dispositifs miniaturisés
– Paul Lanois, avocat spécialiste des nouvelles technologies
En France, Jacques Bompard, député et membre du conseil général du Vaucluse, a demandé l'interdiction des implants NFC. Selon lui, la France, à ce sujet, doit garder son droit de réserve et se défendre d'un tel danger. De plus, il attire l'attention des services publics sanitaires quant à la toxicité potentielle de ses puces en contact avec l'organisme humain.
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