Le 24 octobre dernier, Sigfox présentait Sigfox Bubble. Nous avons pu discuter de la solution avec Florian Splendido dans les locaux parisiens de l'entreprise d'origine toulousaine. Elle veut réussir là où le beacon a échoué.
Il y a quatre ans, une technologie suscitait beaucoup d'espoir : le beacon. L'idée ? Installer des balises connectées en Bluetooth capable de repérer et de transmettre des informations à des smartphones aux alentours. Utilisée comme un outil de geofencing, cette technologie doit être liée à une application mobile. Sa courte portée, le côté énergivore du Bluetooth et les réglementations en matière de traitement de données ont mis à mal le beacon.
Pourtant, l'idée originelle s'avère particulièrement intéressante. Lors de sa conférence Sigfox Connect, la société toulousaine éponyme a présenté plusieurs nouveautés, dont Sigfox Bubble.
L'héritage du beacon en bandoulière
Bubble reprend le principe du beacon en l'adaptant aux technologies et aux besoins des clients de Sigfox. Florian Splendido, responsable de l'IoT Agency chez Sigfox explique : “Nous appliquons à peu de chose près le même modèle que le beacon. La subtilité, c'est que nous exploitons uniquement les bandes de fréquences Sigfox pour des courtes et des longues portées. Cela permet de réduire drastiquement les coûts de fabrication.”
L' impact sur l'autonomie du Sigfox Bubble est significatif. En théorie, un beacon BLE a une autonomie maximum d'un an et demi. Le produit de la société française peut être utilisé pendant quatre ans. “Certains de nos clients souhaitent passer du BLE au LPWAN. Cela se comprend aisément : ils doivent charger les batteries de leurs beacons tous les trois mois”, affirme Florian Splendido.
Plusieurs éléments déterminent la durée d'utilisation de Sigfox Bubble. Le premier est la portée d'émission du réseau IoT. L'entreprise teste pour l'instant une valeur comprise entre 0 et 10 mètres. À titre d'exemple, le modèle pris en photo rayonne sur cinq mètres de distance. Lors de la commercialisation de la solution, la portée maximale sera de 100 mètres. “En ce moment, nous travaillons sur l'équation économique idéale entre les capacités technologiques et les besoins des clients”, assure le responsable de l'IoT Agency.
Un effort important sur l'autonomie
Cependant, les ingénieurs de la startup toulousaine ne se mettent pas de barrières. La technologie Sigfox permet d'atteindre plusieurs kilomètres de portée. “On imagine facilement de la détection de zone longue portée : cela peut ouvrir d'autres marchés”, déclare notre interlocuteur.
Deuxième élément qui impacte l'autonomie : la fréquence d'émission des données. Là encore, les différents besoins des clients vont déterminer le besoin ou non de recharger l'appareil. “Afin de réaliser un inventaire des équipements aux alentours, nos clients peuvent programmer la remontée de données deux fois par jour”, suggère le responsable.
Pour cela, chacun des objets est équipé d'une étiquette coûtant quelques centimes comprenant un module de transmission Sigfox. Pour l'instant, la “bulle” émet donc de manière périodique. Elle envoie son identifiant unique autour d'elle. Les objets le reçoivent et transfèrent les données vers le Bubble Cloud. Ce dernier convertit les informations en coordonnées géographiques.
Les ingénieurs de Sigfox ne bullent pas
Dans ce but, l'entreprise française fournit les outils de configuration et d'installation. Après avoir fixé un Sigfox Bubble, il convient de paramétrer sa distance d'émission. Ces paramètres sont enregistrés dans une base de données. Celle-ci comprend la position du dispositif, sa portée, son rayon de précision.
Quand un objet traverse ce rayon, un message est envoyé permettant grâce à l'identifiant unique de connaître sa position. La solution de Sigfox permet de savoir qu'un asset est dans le rayon de détection du Bubble.
La jeune entreprise travaille en ce moment même à améliorer la précision de la position de l'objet. Elle prépare un brevet couvrant une solution combinant algorithmes et technologies radio.
Selon Florian Splendido, “nous sommes capables envoyer d'autres types d'informations comme la température d'un capteur par exemple. En corrélant cette donnée avec l'activité de l'objet et sa position, on diminue potentiellement le nombre de capteurs à installer”.
Dans l'idéal, un industriel se repose davantage sur son infrastructure, sur les Sigfox Bubble, sans avoir à installer des milliers de capteurs dont le coût varie entre quelques centimes à plus de 10 euros selon leur complexité. “Ce modèle est également moins gourmand en énergie”, rappelle-t-il. En effet, l'objet détecté par le dispositif s'active uniquement quand il rentre dans une zone de détection.
Sigfox Bubble ouvre les portes de nouveaux secteurs
Les cas d'usage du Sigfox Bubble sont nombreux : traçabilité, détection de modèles, notification d'alertes, détection de proximité, inventaire, ou encore gestion de checkpoints (exemple : un produit a-t-il parcouru l'ensemble d'une supply chain ?).
Lors du salon Sigfox Connect, l'entreprise a testé sa technologie afin de compter les visiteurs sur les stands. Dans cette configuration, un Bubble par stand détectait en temps réel la centaine de badges visiteurs équipés de l'étiquette. L'identifiant unique permettait de retracer le parcours de la personne. En corrélant sa position et sa fonction, l'on peut détecter l'intérêt qu'elle porte à une entreprise. “Nous pouvons ainsi déterminer le nombre de personnes et leurs profils qui sont restés sur un stand”, déclare M. Splendido.
Ainsi, Sigfox adresse le marché de l'événementiel tout en respectant le GDPR. Pendant 4 jours, 1500 messages ont été émis. Avec ces données, les responsables d'un événement utiliseraient la détection de modèle afin d'optimiser le placement des stands lors de la prochaine édition.
Une solution à peaufiner
La même solution s'applique à l'hôtellerie, à la gestion du ménage ou encore à la gestion des salles des réunions. Plusieurs preuves de concept sont en cours auprès d'entreprises de logistique, de l'événementiel, de la santé, etc.
Le lancement commercial du Sigfox Bubble est prévu pour le second semestre 2019. Tous les capteurs et objets Sigfox sont compatibles après de l'intégration de la librairie associée. Celle-ci sera confiée aux développeurs en même temps que le nouveau produit. Ils pourront réduire la consommation d'énergie des autres capteurs et objets en les configurant par le biais du front end. Reste la question du prix du dispositif. Lors de sa conférence du mois d'octobre, Ludovic Le Moan prédisait “un tarif très abordable”. Selon notre interlocuteur, celui-ci est en discussion. Néanmoins, il s'agit de proposer une solution moins chère que le beacon BLE. Cela passe par un dispositif à prix plancher et une diminution de l'Opex.
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