Le monde de l'entreprise joue un rôle clé dans le développement de la smart city. En exploitant des technologies de pointe, elle s'engage à soutenir les tendances durables et innovantes.
La tendance à rendre les villes plus intelligentes bouleverse les administrations municipales du monde entier. Cependant, cette évolution ne constitue qu'un aspect parmi d'autres. En fait, la smart city représente des opportunités commerciales majeures pour une entreprise. Ainsi, la question que doivent se poser ces sociétés consiste à savoir comment adapter leurs offres actuelles. Que faut-il faire pour être un fournisseur de villes intelligentes performant ?
La technologie redéfinit les rôles traditionnels et la division du travail
La technologie intelligente gagne peu à peu les domaines professionnels et le quotidien des citoyens. Ce phénomène est très perceptible sur plusieurs marchés. Désormais, les autorités municipales ne sont plus obligées de fournir elles-mêmes tous les types d'applications et de services. Cette réalité ouvre alors la voie à d'autres entités disposant du capital et des capacités nécessaires.
Ainsi, les entreprises devront s'adapter d'une manière ou d'une autre au développement de la smart city. D'ailleurs, divers secteurs industriels ont été perturbés les uns après les autres par la numérisation. Cette dernière a commencé à transformer les environnements, et prévoit accueillir les deux tiers de la population mondiale d'ici 2030.
Les questions ci-dessous peuvent aider les chefs d'entreprise à se préparer à l'essor de la ville intelligente.
Entreprise au service de la smart city : comment peut-elle adapter ses offres ?
Les entreprises de plusieurs secteurs modifient déjà leurs approches sur des marchés urbains en pleine évolution. De fait, les services publics déploient des compteurs intelligents et introduisent des systèmes de tarification dynamique.
Quant aux pharmacies, elles ajoutent des kiosques de télémédecine. Les promoteurs immobiliers de leur côté intègrent des systèmes d'automatisation, des capteurs et des options de mobilité dans leurs propriétés.
Souvent, les opérateurs de télécommunications fournissent les réseaux de base nécessaires au fonctionnement des systèmes et des applications. Aujourd'hui, certains approfondissent leurs relations avec les collectivités locales et se lancent dans d'autres types de mise en œuvre de technologies intelligentes.
L'entreprise Telefónica a installé 12 000 capteurs à Santander, tandis que Vodafone fournit des caméras aux forces de l'ordre pour améliorer la sécurité de la smart city. D'autres télécoms proposent des solutions telles que des systèmes intelligents de stationnement et de gestion des déchets.
Systèmes de transport intelligents
Les constructeurs automobiles ajoutent de nouvelles options à leur gamme de véhicules pour une mobilité urbaine intelligente. Par exemple, un minibus partagé équipé du Wi-Fi, d'un bureau pliable et d'un écran ou d'un siège privé pourrait convenir aux hommes d'affaires. Les familles avec des personnes âgées ou handicapées choisiraient plutôt des véhicules faciles d'accès. Ces dernières peuvent offrir un espace de rangement généreux et des sièges reconfigurables.
Pour son futur service de microtransit à la demande Moia, Volkswagen a conçu un tout nouveau concept de véhicule électrique. L'objectif de cette entreprise vise à combler le fossé entre les taxis, les navettes et les bus afin d'exploiter aux mieux les systèmes de la smart city.
Comment la smart city peut-elle apporter de la valeur ajoutée au sein de l'entreprise ?
Les perspectives d'évolution du marché immobilier
Les implications de la smart city sont particulièrement importantes pour diverses entreprises du secteur immobilier. À mesure que les villes deviennent plus intelligentes, la plupart des propriétés urbaines vont changer leur prix.
En fait, la disponibilité de minibus à la demande et de voitures autonomes pourraient faire augmenter la plus-value foncière. De nouvelles opportunités d'investissement et de développement vont s'ouvrir si certaines zones autrefois encombrées, polluées ou criminelles deviennent plus vivables.
En revanche, les bâtiments ou les quartiers difficiles à rénover avec des fonctionnalités intelligentes risquent de devenir moins attrayants. Certaines entreprises technologiques, y compris Alphabet et Huawei, se lancent dans le développement immobilier. Elles sont séduites par la possibilité de construire des quartiers intelligents dans des zones qui ne sont actuellement pas bien desservies par les transports en commun classiques.
Diverses données peuvent modifier l'utilisation et la valeur des biens immobiliers. Ces data incluent celle de la circulation des piétons, du trafic, de la criminalité, des résultats scolaires ou de la consommation d'énergie.
Ainsi, la capacité à utiliser efficacement ces informations va devenir une source davantage concurrentielle. En fait, les détaillants et d'autres types d'entreprises se servent de ces données pour affiner leurs décisions d'implantation.
Automatisation des bâtiments intelligents
En fait, les logiciels d'automatisation pour les bâtiments intelligents collectent des données plus précises sur la façon dont les gens utilisent les espaces intérieurs. La combinaison de ces informations et de la croissance de l'économie du partage peuvent favoriser l'émergence de nouveaux modèles de location.
WeWork, par exemple, propose un « espace en tant que service » au lieu de fournir une quantité déterminée d'espace pour une durée limitée. Ce logiciel alimenté par des capteurs permet à l'entreprise de suivre précisément la façon dont les gens utilisent les bureaux, les salles de conférence et les équipements.
La mobilité
La mobilité constitue un autre domaine dans lequel la smart city redéfinit les règles du jeu. Ainsi, des entreprises natives du numérique telles que Didi et Uber, exploitent des plateformes de mobilité orientées client dans des villes du monde entier.
Plusieurs grands constructeurs automobiles comme Ford, mettent également en place leurs propres services à la demande. Cette entreprise utilise par exemple des flottes de minibus conçues sur mesure pour la smart city. Par ailleurs, le fournisseur de transports publics de Berlin pilote son service de covoiturage dans le cadre d'un partenariat public-privé.
Lorsque ces services de transport autonomes finiront par percer, les constructeurs automobiles seront confrontés à un choix. Notamment fabriquer et vendre les flottes nécessaires, les exploiter en tant que service pour d'autres entreprises et villes, ou gérer leurs propres plateformes de mobilité.
Que faire pour réussir en tant que fournisseur de smart cities ?
Autrefois, « servir une ville » signifiait vendre un produit ou un service directement aux autorités municipales. Mais aujourd'hui, l'éventail des possibilités ne cesse de s'élargir et les modèles commerciaux B2C, voire B2G2C, gagnent en importance.
Par ailleurs, les attentes des administrations municipales et des citadins eux-mêmes ne cessent de croître. Les villes comptent de nombreux groupes d'intérêt et parties prenantes qui se font entendre. Les membres du grand public, qu'ils soient clients directs ou non, peuvent être affectés par les offres d'une entreprise.
Ces personnes, et les fonctionnaires qui les représentent, ont souvent beaucoup à dire sur les solutions intelligentes qui façonnent leur environnement. Notamment les logements de pair à pair et les services de partage de vélos ou de scooters.
Tout cela met la barre plus haute en ce qui concerne la manière dont les entreprises mènent leurs interactions avec le public. Ces dernières doivent comprendre les complexités du contexte de chaque ville. Y compris la manière dont le gouvernement local prend ses décisions et le paysage réglementaire. Elles doivent également s'engager de manière réfléchie avec les dirigeants de la ville sur le long terme pour répondre aux besoins de la ville.
Compétences nécessaires pour se préparer à l'essor des smart cities
La plupart des entreprises ne disposent pas de ces types de capacités dans leurs équipes de vente existantes. Par conséquent, elles ont besoin d'ajouter des urbanistes, des sociologues, des designers et d'autres spécialistes pour élargir leur réflexion. Dans son centre de compétences pour les villes, à Londres, Siemens emploie un ensemble diversifié d'experts, des architectes et urbanistes aux spécialistes des finances publiques.
En formant de nouvelles équipes multidisciplinaires, certaines grandes entreprises peuvent ne pas coordonner leurs approches du marché. Par conséquent, différentes divisions commerciales d'une même entreprise peuvent approcher les villes avec des arguments non coordonnés.
Pour y parvenir, il faut mettre en place un processus souvent douloureux d'application des directives relatives aux mandats et aux responsabilités. Il faut également mettre en place des incitations alignées entre les équipes municipales et les divisions commerciales.
Compte tenu du besoin de solutions adaptées au contexte de chaque ville, il est difficile pour de nombreux fournisseurs d'entrer sur le marché de la smart city. Pour les entreprises, l'astuce consistera à trouver un équilibre entre le désir de solutions personnalisées de la ville et leur propre besoin d'échelle.
De plus, la formation d'alliances et la collaboration avec d'autres fournisseurs peuvent aider le secteur dans son ensemble à progresser. En effet, ce partenariat permet de définir des normes industrielles et d'évoluer vers des interfaces ouvertes. Les entreprises doivent tenir compte non seulement de la performance de leurs offres, mais aussi de leur impact sur la sphère publique.
La smart city : un domaine d'activité rentable
Une vague d'investissements publics et privés dans le monde entier vise à rendre les villes plus intelligentes. Cela ne change cependant rien au fait que la plupart des administrations municipales travaillent avec de sérieuses contraintes de dépenses. En conséquence, les entreprises souhaitant fournir des services directs doivent faire preuve d'imagination lorsqu'il s'agit de trouver des financements.
Cisco, par exemple, a créé un programme d'un milliard de dollars avec ses propres capitaux et des fonds privés. Elle a mis en place des fonds de pension pour aider les villes à acheter des solutions Cisco et des technologies complémentaires.
Dans d'autres cas, les projets de villes intelligentes offrent la possibilité de générer des revenus publicitaires et de créer une image de marque. La société de technologie et de médias Intersection tire parti des recettes publicitaires pour offrir aux villes des kiosques « Links » gratuits afin de développer le Wi-Fi public.
Smart city : comment les entreprises peuvent-elles contribuer à son développement ?
Le besoin de connectivité augmente et les villes ne peuvent pas mettre en œuvre seules des initiatives de ville intelligente. En effet, les budgets sont limités et les villes n'ont souvent pas les moyens d'investir dans des solutions numériques pour le public.
En outre, les administrations municipales manquent souvent des compétences spécifiques nécessaires. De fait, elles ne sont pas en mesure de mettre en œuvre la nouvelle technologie de l'IoT ou de gérer des quantités toujours plus importantes de big data.
PPP ou P3
Les citoyens peuvent grandement bénéficier des partenariats public-privé, parfois appelés PPP ou P3. Ceux-ci facilitent la coopération entre les organismes publics et le secteur privé. Il s'agit d'un contrat à long terme entre une partie privée et une entité gouvernementale pour fournir un bien ou un service public. Dans le cadre de ce contrat, la partie privée assume un risque important et une responsabilité de gestion, et la rémunération est liée à la performance. «
Les PPP peuvent aller d'arrangements informels avec une collaboration minimale à des accords formels très structurés. Il existe quatre types de partenariats public-privé.
Les partenariats opérationnels
Les partenaires publics et privés coordonnent leurs activités, mais ne concluent pas d'accords contractuels.
Les comités consultatifs
Également appelées partenariats stratégiques, ces relations entre partenaires publics et privés se concentrent sur la formulation de politiques publiques. Par exemple, l'intégration de l'innovation dans un secteur hautement réglementé.
Partenariats de projet
Les partenaires publics et privés partagent les responsabilités, les tâches, les coûts et les avantages d'un projet spécifique.
Partenariats stratégiques
Ce type de collaboration concerne plusieurs projets, généralement à long terme.
De fait, pour soutenir le développement de la smart city, il faut réfléchir à la manière dont les produits ou services actuels peuvent être modifiés. Cette modification doit être adaptée à une ville connectée à l'IoT. Gardez à l'esprit que les gouvernements des villes ont déjà beaucoup de pression sur leurs budgets.
En outre, différents types de partenariats public-privé doivent être envisagés. Chaque ville a son caractère unique et nécessite des solutions de ville intelligente personnalisées. Parfois, la vente directe du produit ou du service peut fonctionner, mais un partenariat stratégique très impliqué semble plus approprié dans d'autres cas. Dans tous les cas, les entreprises devront avoir une bonne compréhension de la structure opérationnelle de la ville.
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