Aux États-Unis, les télévisions connectées sont soupçonnées d'espionner leurs propriétaires. Au début du mois de juillet, deux sénateurs démocrates ont demandé à la Federal Trade Commission, l'agence gouvernementale en charge du droit de la consommation, d'enquêter sur le respect des données personnelles des utilisateurs.
Ed Markey, sénateur du Massachusetts, et Richard Blumenthal, sénateur du Connecticut ont écrit le 12 juillet 2018 au président de la FTC, Joseph Simons. Dans leur lettre, ils écrivent :
Beaucoup de télévisions connectées sont équipées de technologies sophistiquées permettant de suivre le contenu que les utilisateurs regardent, puis d'utiliser ces informations pour adapter et diffuser des publicités ciblées aux consommateurs. Malheureusement, les utilisateurs de Smart TV peuvent ne pas savoir dans quelle mesure leurs télévisions recueillent des informations sensibles sur leurs habitudes de visionnage.
Les télévisions connectées, des espionnes selon deux sénateurs
Surtout, ils réclament à la FTC de lancer une investigation concernant les politiques de confidentialité et les pratiques des fabricants de télévisions connectées. Selon Ars Technica, Markey et Blumenthal expliquent que la loi fédérale n'a pas été mise à jour pour tenir compte des problèmes de confidentialité soulevés par les Smart TV. Alors que les compagnies de télévision par câble et par satellite doivent respecter des règles strictes votées par le Congrès, celles-ci ne couvrent pas les entreprises qui utilisent Internet pour suivre les habitudes des téléspectateurs.
Pourquoi contacter la FTC alors que c'est le Congrès qui peut légiférer dans ce type de situation ? Ars Technica explique la FTC peut punir les entreprises ayant des pratiques commerciales abusives. En février 2017, elle avait fait condamner Vizio, un fabricant de télévisions connectées qui avait dû payer une amende de 2,2 millions de dollars pour avoir recueilli l'historique de visionnage de 11 millions de Smart TV sans le consentement de leurs propriétaires.
Évidemment, la levée de boucliers de la part des sénateurs démocrates prend racine dans une affaire largement médiatisée. Ils réagissent à un article du New York Times qui affiche les pratiques contestables de Samba TV. Ce prestataire développe une application disponible sur les télévisions connectées d'une douzaine de constructeurs dont Sony, Philips, TCL, ou encore Sharp. Celle-ci analyse les contenus regardés par les utilisateurs afin de proposer des recommandations personnalisées et des promotions sur des contenus payants. En arrière-plan, Samba TV est soupçonné d'espionner les téléspectateurs en visionnant à la seconde près les contenus diffusés. L'entreprise analyserait également le réseau des foyers équipés afin d'identifier d'autres objets connectés. L'application est installée sur 13,5 millions de télévisions connectées.
Samba TV accusé de ciblage publicitaire abusif
https://www.youtube.com/watch?v=Yu_Xkrf1Dx8
Les sénateurs démocrates expliquent que le ciblage publicitaire dissimule un véritable profilage des utilisateurs permettant d'apprendre d'eux leurs habitudes de consommations, leurs préférences et même leurs opinions politiques.
Samba TV se défend en expliquant respecter avoir engranger les procédures afin de respecter les recommandations de la FTC. L'entreprise se dit prête « à travailler avec les membres du Congrès concernant ce problème”. Elle précise qu'elle ne vend pas les données des utilisateurs, mais propose aux annonceurs de cibler plus précisément leurs publicités.
En toute logique, le GDPR contraint les fournisseurs de services et les fabricants de télévisions connectées à demander clairement le consentement des utilisateurs. Interrogé par Adexchanger, Ashwin Navin, CEO de Samba TV, déclare que son entreprise respecte à la lettre le règlement européen. Selon lui, celui-ci remet à plat la relation entre son entreprise, ses clients et les utilisateurs. Le ciblage publicitaire est pourtant surveillé à la loupe par les régulateurs.
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