Les objets connectés, les startups et les entreprises savent en faire. Problème, il faut pouvoir les connecter ensemble, même s'ils sont conçus par différents constructeurs souvent concurrents. Les géants de l'industrie ont trouvé une solution pour la maison connectée : le protocole de communication Thread.
Le but du protocole Thread ? Harmoniser la connexion des objets entre eux dans la Smart Home. Ce réseau maillé permet l'échange d'informations, gérer la sécurité, la configuration et la maintenance, par exemple la remise en route d'un appareil en veille. Il agit en bas de la chaîne et améliore la durée de vie des batteries.
Le Thread, un protocole de communication pour la maison connectée
Techniquement, il se base sur IPV6 et 6LopWan pour une compatibilité avec les derniers standards de l'Internet et de l'IoT. Le protocole de communication peut ainsi agir en sans-fil : il se sert pour cela du Mesh et de la norme 802.15.4. Attention, il ne s'agit pas ici de se connecter en WiFi, mais de créer un réseau propre aux objets communicants, capable de trouver de nouvelles routes d'accès si un nœud le composant n'est pas disponible.
Ce réseau maillé a pour objectif de supporter un grand nombre d'applications pour la maison connectée : il est capable de gérer la ventilation, l'éclairage, la consommation électrique , la sécurité physique et informatique. Conçu en open source, il peut supporter jusqu'à 300 appareils qu'ils soient des objets connectés, des capteurs, des ordinateurs, des smartphones, dans une même maison et dispose de temps de réponse sous les 100 ms.
Le protocole de communication n'est pas une émanation technique originaire de l'esprit d'un développeur isolé, mais le fruit de l'association de 230 entreprises membres de Thread Group. Créée en 2014 à il est porté par Google, Samsung et ARM.
Son objectif, promouvoir cette technologie auprès de tous les industriels, fabricants d'objets pour la maison afin d'évangéliser des acteurs qui par le passé se sont affrontés à coup de technologie et qui continuent de le faire par certains aspects. Dans un souci d'ouverture, Nest la filiale Smart Home de Google a donné accès à tout un chacun à sa version du code du protocole OpenThread. Première remarque que l'on pourrait se faire : « enfin un protocole de communication parfait pour l'interopérabilité ». Mais, comme souvent, c'est bien plus complexe que cela.
Derrière l'interopérabilité, la profusion mène à la confusion
Le Thread n'est effectivement pas le seul dans sa catégorie. Z-Wave, ZigBee, EnOcean sont autant de concurrents qui disposent de capacités similaires. Ils ont tous le même but : connecter des objets dans la maison avec une portée moyenne de 40 mètres. Les entreprises qui adoptent ces technologies se réunissent également en alliance. Des alliances qui existent depuis bien plus longtemps que celle du Thread à l'image de la ZigBee Alliance créé en 2002. Elles réunissent pour la plupart des mêmes acteurs comme ARM, General Electrics, LG, Samsung et bien d'autres.
Alors pourquoi ce choix de norme ne s'est il pas fixé auparavant ? Tout simplement parce que la domotique a pris petit à petit l'appellation de Smart Home et qu'elle ne répond pas exactement aux mêmes besoins. Plus simple d'installation et d'utilisation, les objets connectés ne sont pas forcément des prises, des capteurs pour des portails ou des ampoules. De plus, des études comme celle menée par le cabinet Context 30 millions de foyers seront équipés en Europe d'ici à 2019.
Finalement, la porosité règne dans cette profusion de technologie. Chacun engage des partenariats avec les créateurs des protocoles pour conserver son importance sur l'échiquier de l'IoT. En outre, les fabricants ne veulent pas se priver de l'interopérabilité, le saint Graal à obtenir aujourd'hui. Alors, quand un acteur plus grand et plus fort que les autres s'associe à deux autres géants, les lignes bougent. Legrand a par exemple choisi ce protocole pour ses « devices ».
Un combat gagné d'avance ?
Jusqu'alors, les deux protocoles privilégiés étaient Zigbee et Zwave. C'est toujours le cas, mais l'expertise de Nest avec le Thread fait mouche. Il faut dire que ce protocole intègre des fonctionnalités de Zigbee dans sa couche supérieure grâce à un partenariat entre les deux alliances. Cela permet d'adapter la technologie portée par Google aux équipements disposant d'un module Zigbee.
Plus qu'une guerre de chapelle, les entreprises cherchent toutes la standardisation. Si les réseaux pour la maison connectée représentent un enjeu financier important, c'est bien la part d'un gâteau imposant que veulent se partager les industriels.
Si la firme de Mountain View ne cache pas sa volonté d'imposer la partie technique, elle avait dévoilée il y a un an l'OS IoT Brillo sous Android et compatible Thread par exemple, les accords avec Samsung et ARM montrent bien le choix de réduire la longueur des temps des débats pour la standardisation. La mise à la disposition du code développé par Nest confirme cela.
Le risque est une nouvelle fois de voir la mainmise des géants comme Alphabet et la firme coréenne citée auparavant sur les concurrents, malgré une promotion de l'open source. D'autant que Sigfox et LoRa sont également utilisables dans une maison. Bref, nous n'avons pas fini d'entendre parler des différents protocoles surtout quand Amazon ne suit pas le même chemin.
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